John Cassavetes, cinéaste de l'intime à la Cinémathèque de Toulouse

John Cassavetes, cinéaste de l'intime à la Cinémathèque de Toulouse

21 février 2022
Cinéma
Gena Rowlands dans « Une femme sous influence » de John Cassavetes.
Gena Rowlands dans « Une femme sous influence » de John Cassavetes. The Criterion Collection
Du 1er au 24 mars 2022, la Cinémathèque toulousaine se met au diapason d'un réalisateur et acteur de légende, peintre des amitiés fraternelles, du désespoir sentimental et des amours tumultueuses.

Peu de réalisateurs ont autant réussi à traduire à l'écran la complexité sentimentale des êtres humains, leur solitude et leur désir d'être aimés. La Cinémathèque de Toulouse accorde une rétrospective à l'un des maîtres en la matière, le réalisateur américain John Cassavetes, du 1er au 24 mars prochains. Il serait impossible d'aborder l'œuvre de ce cinéaste farouchement indépendant sans parler de sa troupe de comédiens fétiches : Ben Gazzara, Peter Falk et bien sûr sa muse et compagne à la ville, Gena Rowlands. Car si Cassavetes était un peintre hors pair des torrents d'amour et de larmes, Gena Rowlands en était la couleur éclatante. Son interprétation à fleur de peau a notamment donné trois des plus beaux portraits de femme de l'histoire du cinéma : une actrice de théâtre en proie au doute dans Opening Night (1977), une call-girl tenant tête à la mafia new-yorkaise dans Gloria (1980) et bien évidemment une mère au foyer alcoolique, désemparée par la monotonie de son existence et la suffisance de son époux, dans Une femme sous influence (1974).


Des chefs-d’œuvre à redécouvrir aux côtés d'autres pépites, comme son intemporelle exploration du deuil et de l'amitié masculine dans Husbands (1970), sans oublier son portrait d'un dirigeant de strip-club au bord du précipice dans Meurtre d’un bookmaker chinois (1976). La rétrospective s'ouvrira avec le premier long métrage de John Cassavetes, Shadows (1959) - un docu-fiction construit comme une ode à l'improvisation, du jeu des acteurs non-professionnels aux compositions jazzy de Charles Mingus et de son comparse, le saxophoniste Shafi Hadi. La programmation permettra aussi de redécouvrir les nombreuses incursions du cinéaste devant la caméra, chez Don Siegel (The Killers, 1964), Robert Aldrich (Les Douze Salopards, 1967) ou encore Roman Polanski (Rosemary’s Baby, 1968). Des performances dantesques qui laissent déjà entrevoir le talent débordant de celui qui deviendra le chef de file d'un nouveau cinéma américain - un électron libre autour duquel le Septième art n’a pas fini de graviter.