La filmographie hétéroclite de Damiano Damiani débarque à la Cinémathèque française

La filmographie hétéroclite de Damiano Damiani débarque à la Cinémathèque française

10 mai 2022
Cinéma
« Les Femmes  des autres » de Damiano Damiani sera diffusé en ouverture de la rétrospective.
« Les Femmes des autres » de Damiano Damiani sera diffusé en ouverture de la rétrospective. Les Acacias

Du western au néo-polar, en passant par le film d’horreur, le cinéaste italien Damiano Damiani a signé une œuvre inclassable, spectaculaire et nihiliste à (re) découvrir à la Cinémathèque française du 11 au 29 mai.


Malgré sa diversité foisonnante, le cinéma de Damiano Damiani est transcendé par une thématique commune : la dénonciation - celle de la loi du silence et du pouvoir tentaculaire de la mafia, celle des dérives étatiques et de la banalisation de la violence. Du 11 au 29 mai, la Cinémathèque française accorde une rétrospective à cette figure majeure du cinéma italien, d'abord scénariste puis réalisateur de documentaires engagés, avant de basculer dans la fiction avec le thriller Jeux Précoces (1959). Le cycle s'ouvrira avec la projection de son quatrième long métrage, Les Femmes des autres. Dans ce faux « film de potes », Damiani fait craquer le vernis pour dévoiler la vraie nature de ses personnages, devenus ouvertement racistes et sexistes. Une vision pessimiste de la société italienne que le cinéaste décline dans le genre du « poliziottesco » ou néo-polar italien. Il déconstruit notamment l'image mythique de la Camorra dans Seule contre la mafia (1970), où l’actrice Ornella Muti campe une adolescente enlevée et violée par un voyou de l'organisation criminelle sicilienne. 


Un an plus tard, Damiano Damiani rempile avec un grand film politique, Confession d'un commissaire de police au procureur de la république, dans lequel il oppose deux philosophies de lutte contre la gangrène mafieuse : celle d'un procureur droit dans ses bottes (Franco Nero) et celle des petites combines d'un commissaire désenchanté (Martin Balsam). Ce chef-d'œuvre nihiliste sur l'impuissance de la justice face à la corruption et le crime sera diffusé vendredi 13 mai à la Cinémathèque française, après une présentation du critique de cinéma Jean-François Rauger. La séance sera précédée le même jour par un autre film majeur de Damiani, le western zapatiste El Chuncho (1966). Dans ce défilé de tronches poussiéreuses (Gian Maria Volonté, Klaus Kinski), Damiano Damiani brasse les thèmes de la Révolution et de l'opportunisme économique qu'elle engendre, tout en conservant la veine spectaculaire et sanglante caractéristique du western spaghetti. Cette rétrospective est aussi l'occasion de redécouvrir ses incursions dans le genre du giallo (le psychologique Una ragazza piuttosto complicata) et de l'horreur (la réflexion religieuse Amityville II : Le Possédé).