31 octobre 2019. Cinq ans après sa réouverture par la Ville, le Ciné 3 de Bédarieux (Hérault), jugé trop vétuste, ferme ses portes. « Le cinéma était en centre-ville, dans un endroit assez exigu. Au niveau du parking, c’était compliqué. La commune a donc souhaité ouvrir un cinéma neuf dans un quartier plus accessible, avec un parking mutualisé avec la salle de spectacle La Tuilerie. C’est un lieu où tous les types de culture se retrouvent », explique Christophe Lemaire, qui gère le cinéma Jean-Claude Carrière via sa société Ciné2MA.
Succédant à Lyres Cinémas, qui exploitait Ciné 3 depuis sa réouverture en 2014, Ciné2MA s’est vu attribuer par la municipalité de Bédarieux une délégation de service public (DSP) de sept ans. Christophe Lemaire n’est ainsi ni propriétaire des murs ni du fonds de commerce. Ancien locataire-gérant d’un cinéma à Métabief (Doubs), il doit également respecter certaines dispositions du contrat de DSP. « La commune a un droit de regard sur de nombreuses choses comme le soin que j’apporte au bâtiment ou mon respect des normes de sécurité », confirme-t-il en ajoutant qu’il prend en charge les frais de fonctionnement et d’exploitation du cinéma et qu’il avait également l’obligation de reprendre les deux salariés de l’ancien Ciné 3.
Côté programmation, il a pour mission de décrocher le label Art et Essai - ainsi que les trois labels complémentaires « Recherche et Découverte », « Jeune Public » et « Patrimoine et Répertoire » - et de proposer un nombre minimum de sorties nationales. Ce qui n’est pas si facile lorsqu’il s’agit d’un établissement aussi jeune. « Quand vous démarrez un cinéma, il faut faire ses preuves avec les distributeurs. Je travaille avec MC4 qui s’occupe de la programmation et qui essaie de faire au mieux ».
Des objectifs de fréquentation
Alors que la fréquentation de Ciné 3 « stagnait à 20 000 – 25 000 entrées » par an, soit entre 500 et 600 tickets vendus par jour, le cinéma Jean-Claude Carrière vise de son côté entre 45 000 et 50 000 entrées par an au bout de la 3e année d’existence, en suivant l’étude de marché réalisée lors du lancement de ce projet. Ces objectifs de fréquentation sont d’ailleurs inscrits dans la DSP. « Il y a un compte d’exploitation prévisionnel et j’ai repris les chiffres de l’étude de marché. L’objectif est de m’approcher de ces derniers pour être à l’équilibre », souligne Christophe Lemaire.
Ouvert le 21 décembre 2019, le cinéma a réalisé, lors de ses deux premières semaines, 3 000 entrées. En janvier, le compteur dépassait les 5 000 spectateurs tandis qu’il affichait 1 200 entrées entre le 10 et le 16 février, grâce aux vacances scolaires et à plusieurs locomotives comme Sonic, le film et Ducobu 3. « Il reste à faire le travail avec les scolaires. Nous n’avons reçu pour le moment qu’un groupe d’élèves, mais nous souhaitons intégrer les dispositifs Ecole et Cinéma et Collège au Cinéma », précise l’exploitant qui accueille déjà régulièrement le Ciné-club Bédarieux (il s’agit là-aussi d’une disposition inscrite dans la DSP).
Confort et technologie
Le cinéma Jean-Claude Carrière est composé de 3 salles, dont la plus grande peut accueillir 206 spectateurs (plus 6 places en PMR). Equipée en Dolby Atmos avec un projecteur laser 4K, elle dispose d’un écran de 16 mètres de large, de la 3D et de fauteuils clubs en gradin. Une deuxième salle propose elle 120 places et un écran de 10 mètres, tandis que la salle 3 a 70 places et un écran de 8 mètres. « C’est un bel équipement pour une région rurale sans l’être totalement car nous sommes proches de Béziers et de Montpellier. Mais le cinéma est là pour attirer la population des hauts cantons, au-dessus de Bédarieux, une partie vallonnée et assez rurale ».
Imaginé par le cabinet A + Architecture, le cinéma a été construit en cohérence avec la salle de concert La Tuilerie, plus particulièrement au niveau des couleurs extérieures entre l’ocre, le rouge et le jaune. Un grand comptoir d’accueil en bois, design, épuré, est installé dans le grand hall qui deviendra par la suite un lieu qui pourra accueillir des expositions ou de la musique. « Il est fait pour se détendre ou pour boire un verre », confirme Christophe Lemaire. Originaire de la région, l’écrivain, scénariste ou encore metteur en scène Jean-Claude Carrière a donné son nom au cinéma. « Il est venu l’été dernier dans la ville pour un festival de poésie, et ça a donné l’idée au maire de baptiser le cinéma ainsi. Jean-Claude Carrière n’a pas pu être là à l’inauguration, mais sa silhouette est imprimée sur un des murs du hall, tout comme celles de plusieurs personnalités comme Yolande Moreau et Audrey Tautou ».
Une séance coûte 8 euros en tarif normal, 6,5 euros en réduit, 5 euros pour les enfants ou le matin et il n’y a pas de supplément pour les films 3D (les lunettes à conserver sont à 1 euro). Les tarifs pratiqués sont abordables - et inscrits dans le cahier des charges de la DSP -, pour faire face à la concurrence des deux cinémas présents à Béziers, à seulement 45 minutes de là. Ils sont enfin en cohérence avec le niveau de vie des habitants. « C’est une commune modeste et un territoire en difficulté », rappelait d’ailleurs Antoine Martinez, le maire de Bédarieux, lors de l’inauguration.