Roman de science-fiction le plus vendu au monde, Dune est sorti aux Etats-Unis en 1965. Dix ans plus tard, Alejandro Jodorowsky se lance dans l’adaptation sur grand écran de l’œuvre de Frank Herbert. Il réunit autour de lui un impressionnant casting : Salvador Dali, Mick Jagger ou encore Orson Welles sont annoncés dans ce film dont la bande originale doit être réalisée par le groupe Pink Floyd. Pour compléter cette équipe, le réalisateur chilien qui s’est fait remarquer avec El Topo (1970) et La Montagne sacrée (1973) collabore avec le dessinateur Moebius (Jean Giraud) pour réaliser un story-board rassemblant plus de 3 000 dessins.
Pour cette adaptation de Dune, le producteur Michel Seydoux, ravi du succès en France du film La Montagne sacrée qu’il a sorti, donne carte blanche à Jodorowsky avec un budget dépassant les 10 millions de dollars, ce qui était rare à l’époque. Après avoir essuyé un refus de Douglas Trumbull qui a réalisé les effets spéciaux de 2001, l’Odyssée de l’espace, le cinéaste chilien se tourne vers Dan O’Bannon, le coscénariste, monteur, et responsable des effets visuels de Dark Star réalisé par John Carpenter. Il recrute également Chris Foss, connu pour avoir illustré des couvertures de romans de science-fiction.
Le scénario est écrit, les costumes créés. Mais après plusieurs années de travail, le budget de cette superproduction ambitieuse dépasse les 15 millions de dollars. Pour trouver les 5 millions qui leur manquent, Michel Seydoux et Alejandro Jodorowsky s’envolent pour Hollywood en 1977 avec leur story-board sous le bras. Peine perdue, les studios refusent tous ce projet de film qui devait durer près de six heures. Top cher, trop ambitieux, trop dangereux… Deux ans après ses débuts, l’adaptation de Dune tombe à l’eau.
C’est l’histoire de ce film impossible que le réalisateur américain Frank Pavich raconte dans Dune de Jodorowsky, réalisé en étroite collaboration avec le cinéaste chilien, diffusé ce vendredi soir à 22h30 sur Arte. « En revisitant le matériau considérable préparé pour la genèse de Dune, et en interviewant les protagonistes – à l'exception d’O'Bannon et de Moebius, décédés en 2009 et 2012 –, Pavich montre combien l'entreprise s'apparentait à la poursuite d'un rêve. Admirateur inconditionnel de Jodorowsky, Nicolas Winding Refn (Drive) apporte sa pierre à la reconstruction virtuelle de cette œuvre invisible », souligne Arte.