"Les Vampires" s’attaquent à Henri

"Les Vampires" s’attaquent à Henri

22 décembre 2020
Cinéma
Les Vampires de Louis Feuillade
Affiche du film "Les Vampires" de Louis Feuillade Gaumont
La plateforme numérique de la Cinémathèque française diffuse à partir de mercredi 23 décembre le film muet en dix épisodes signé Louis Feuillade (1915). Retour sur les conditions dans lesquelles naquirent ces aventures policières teintées d’onirisme qui charmèrent, entre autres, les auteurs surréalistes.

Affiche du film Les Vampires de Louis Feuillade Gaumont
1915. Sur Paris en guerre plane une nouvelle ombre, celle des Vampires. Irma Vep l’égérie de la bande (Musidora), la femme fatale, Satanas, le manipulateur d’explosifs (Louis Leubas), Vénénos (Frédérick Moriss), le « maître des poisons » et le chef (Jean Aymé) jettent, tout au long des dix épisodes de ce premier sérial marquant de l’histoire du cinéma, l’effroi sur les spectateurs. Les Vampires sont partout, des caves aux toits de Paris, de la zone aux salons les plus mondains, ils entendent distiller le crime dans toute la capitale.
Ce projet de sérial de la Gaumont et de Louis Feuillade s’inscrit dans la concurrence que se livrent la firme à la marguerite et sa rivale Pathé frères. A cette époque, Pathé a acheté les droits du sérial américain The Exploits of Elaine, de Donald Mackenzie qu’il compte sortir sur les écrans français sous le titre des Mystères de New-York. Les Vampires arrivent les premiers en salle le 13 novembre 1915 coiffant sur le fil le serial distribué par Pathé frères à partir du 4 décembre 1915.

La critique et la police ne sont pas enthousiastes : pur divertissement vulgaire pour les premiers et apologie du crime pour les seconds. Le public, lui, est enchanté et se rue jusqu’au 30 juin 1916 dans les salles de cinéma pour découvrir chacun des dix épisodes des aventures d’Irma Vep et de ses comparses. Les intrigues policières teintées de bizarre, la silhouette en collant noir de Musidora séduisent les spectateurs dont les surréalistes : André Breton, Aragon et Jacques Prévert entre autres y retrouvent le charme de l’étrange qu’ils affectionnent particulièrement.

Fritz Lang et son Docteur Mabuse, Georges Franju (Les yeux sans visage, Judex) ou Olivier Assayas (Irma Vep) s’affirmèrent comme les héritiers fascinés du chef d’œuvre de Louis Feuillade et de Musidora.