« Le nom nous est tout de suite venu à l’esprit ». Après « Jacques Becker » et « Jacques Demy », c’est à la réalisatrice Agnès Varda, décédée le 29 mars dernier, que Thierry Soret (directeur de la MJC Tati d’Orsay) et son équipe ont pensé en cherchant un nom pour leur troisième salle. Mais il ne s’agit pas que d’un simple hommage : ce choix est également lié à l’histoire de la Maison des Jeunes et de la Culture d’Orsay, aux commandes de ce cinéma. « La MJC a monté un ciné-club il y a plus de 25 ans et il est rapidement monté en puissance. La mairie a naturellement soutenu le projet d’ouvrir les deux salles (Jacques Becker et Jacques Demy) qui existaient alors et l’inauguration s’est faite en présence d’Agnès Varda. Il était donc légitime de pouvoir, l’année de sa mort, l’honorer par le nom de cette salle », explique Thierry Soret. Pour lui, il était également « légitime », pour des raisons de parité, de mettre une femme à l’honneur après avoir rendu hommage à trois figures masculines du septième art.
Plus de 750 000 euros, financés aussi bien par la mairie d’Orsay que par le CNC, la région francilienne et la Communauté de communes, ont été nécessaires pour imposer ce nouvel équipement. Côté architecture, le cinéma a préféré modifier et transformer profondément l’ancien auditorium pour élaborer cette troisième salle. L’auditorium a été divisé en deux permettant la construction, outre de l’espace Agnès Varda, d’un foyer servant de lieu d’animation pour le cinéma et accueillant une bibliothèque (spécialisée dans le septième art). Des innovations qui transforment le cinéma en « vrai lieu de vie ». « Nous avions plusieurs options, justifie Thierry Soret. Soit nous faisions une salle plus grande, soit nous imaginions une salle plus petite (de 78 places ndlr) mais nous gardions un espace d’animation pour des moments conviviaux comme des rencontres, des ateliers pour enfants ou des cours d’analyse filmique (2 fois par semaine selon l’actualité). » Une amélioration manifeste pour le cinéma qui n’avait jusqu’ici « pas de lieu pour rassembler le public. Avant, tout se faisait dans le hall du cinéma qui est un lieu de passage, ou dans une salle située à 100 mètres du complexe », ajoute Thierry Soret en précisant que « 140 animations pour petits et grands sont organisées chaque année ». Le cinéma propose ainsi des séances et activités pour les groupes scolaires, des ateliers et des CinéMatins (une séance grand public et une autre jeunesse au même horaire le samedi matin) pour les familles ou encore des cycles de ciné-débats.
Une ouverture aux différents publics
L’équipe avait, au début, envie de modifier le hall pour en faire un espace plus ouvert, mais les contraintes budgétaires ont rapidement conduit la direction à écarter cette idée. « Ce projet demandait des travaux sur la structure du bâtiment qui se sont révélés trop complexes et qui auraient demandé des frais trop importants ». Des travaux ont malgré tout été réalisés dans les deux anciennes salles pour les rendre plus accessibles aux personnes à mobilité réduite. Une nouvelle signalétique a été ajoutée pour les non-voyants et malvoyants et le cinéma s’apprête à recevoir des casques spéciaux pour ces mêmes spectateurs, l’objectif étant d’accueillir tous les publics. Le Jacques Tati pratique d’ailleurs une politique tarifaire abordable (le tarif normal est à 7,80 euros, le tarif réduit 5,30 euros, le senior à 6 euros, les étudiants et scolaires à 5,30 euros, les moins de 14 ans à 4 euros…) avec l’idée d’ouvrir toujours plus largement la culture cinématographique.
La même ambition est à l’œuvre au niveau de la programmation de ce cinéma classé Art et Essai, « Jeune public, Patrimoine, Répertoire, Recherche et Découverte » et Europa cinémas. « Nous allons rester dans la même logique de programmation tout en nous autorisant un peu plus de liberté pour programmer des blockbusters et des films qui attirent les jeunes qui ne venaient pas avant. L’ouverture de cette troisième salle va permettre d’attirer un public qui n’est pas forcément cinéphile mais qu’on espère amener au fur et à mesure vers du cinéma d’auteur ou plus exigeant. Nous pourrons aussi avoir des choses beaucoup plus tôt dans la programmation. Nous prenions par exemple Star Wars en 3e ou 4e semaine, là nous pourrons le prendre plus tôt pour contenter le public local qui viendra plus facilement ». Un soin a enfin été apporté au niveau du confort de la salle et du son pour satisfaire les spectateurs et permettre au cinéma de diffuser plus d’opéra ou de théâtre.
Animé par une équipe d’employés aidée par une trentaine de bénévoles, le cinéma fait partie du pôle culturel de la MJC Tati qui rassemble aussi une salle de spectacles et la Maison Jacques Tati proposant des activités. Trois pôles qui permettent « certaines transversalités ». « Actuellement, nous travaillons par exemple sur le nouvel an asiatique à la Maison Tati et dans le même temps, nous avons mis à l’honneur une programmation de cinéma asiatique. Nous pouvons ainsi organiser pour une même thématique des expositions, des rencontres ou ateliers culinaires, ce qui permet d’attirer le public par des biais différents et de l’intéresser à l’ensemble de la programmation », conclut Thierry Soret.