« Pour moi c’est un film sur la vie. La vie est noire et rose, ça dépend comment on la regarde, s’il y a du soleil et des nuages – généralement il y a les deux ensemble. C’est l’histoire de gens qui vont vers le soleil, mais ils vont traverser beaucoup de nuages pour y arriver ». Interrogé en 1965 à la sortie de Pierrot le Fou, Jean-Luc Godard expliquait avec poésie l’histoire de son film réunissant Jean-Paul Belmondo et Anna Karina.
Suivant la fuite à travers la France de Ferdinand « Pierrot le Fou » et son amie Marianne, poursuivis par des gangsters, ce film a été en partie tourné à Porquerolles à l’été 1965. Si Georges Pierre était le photographe officiel du long métrage, un autre photojournaliste était présent dans les coulisses du film : Alain Noguès. « En 1965, j’avais vingt-huit ans et surtout... j’étais amoureux de Lilou, l’assistante monteuse de Françoise Collin, chef monteuse. J’étais allé à plusieurs reprises rue Washington dans la salle de montage, leur rendre visite pendant qu’elles montaient Une femme mariée, Alphaville... Pour Pierrot le fou, je les ai accompagnées dans l’île paradisiaque de Porquerolles... », raconte ce dernier.
Cette « semaine inoubliable » a marqué Alain Noguès. « Fasciné, je revois le totem de la caméra, dirigée par l’imperturbable Raoul Coutard dont j’avais en mémoire les superbes travellings dans À bout de souffle (…) J’ai eu la chance — rare — de pouvoir photographier les dernières séquences de Pierrot le fou, et... la joie d’être avec Lilou : Andrée Choty, qui allait devenir la mère de nos deux filles Éléonore et Virginie », écrit-il. Ces photos, immortalisant le travail de Jean-Luc Godard, sont visibles dans une exposition, à découvrir jusqu’au 26 mai à la Villa Noailles (centre d'art d'intérêt national) de Hyères, mise en place en résonnance avec le 34e festival international de mode, de photographie et d’accessoires de mode qui se tient jusqu’au 29 avril dans la ville.