Ministère de l’Intérieur et des Outre-mer : une Mission Cinéma au service de la création

Ministère de l’Intérieur et des Outre-mer : une Mission Cinéma au service de la création

13 mai 2024
Cinéma
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MinistereIntérieur
Tournage au ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer Ministère de l’Intérieur et des Outre-mer – E. Delelis

Tourner dans un commissariat, s’immerger dans un service de Police Judiciaire, se renseigner sur une procédure… La Mission Cinéma du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer propose de nombreux accompagnements qu'elle présentera à partir du 15 mai sur le pavillon Film France-CNC du 77e Festival de CannesDécryptage avec Catherine Moreau, chargée de mission au département pilotage et stratégie de la Délégation à l’information et à la communication (DICOM). 


Pour poursuivre son engagement dans la valorisation du patrimoine immatériel de l’État, le ministère de l’Intérieur lance sa Mission Cinéma en mai 2023. « Le ministère a tenu à rendre son offre d’accompagnements plus accessible et plus lisible pour les mondes du cinéma et de l’audiovisuel, à travers la création d’une adresse unique pour centraliser les demandes ».

Cette Mission Cinéma est coordonnée par la DICOM, en lien avec le cabinet du ministre, et est composée de sept membres, dont un membre de la gendarmerie nationale, un de la police nationale, un de la sécurité civile, un de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et un de la préfecture de police de Paris. « Certains ont des missions annexes, d’autres sont investis à 100 %, mais tous se mobilisent pour répondre aux besoins et aux attentes des professionnels. Cette organisation permet de faciliter l’accès à nos univers et à la diversité de nos métiers ».

Depuis 2020, nous avons accueilli plus de 170 tournages.
Catherine Moreau
Chargée de mission au département pilotage et stratégie
de la Délégation à l’information et à la communication (DICOM)

Plus de mille sites peuvent être mis à disposition pour les tournages, répartis sur l’ensemble du territoire, en métropole et Outre-mer. « C’est très difficile à quantifier. » Brigades de Gendarmeries, commissariats de police, casernes de sapeurs-pompiers, stands de tir : une importante diversité de décors compose ce patrimoine. « Il y a aussi les écoles de police, de gendarmerie, les préfectures et sous-préfectures. Les équipes de productions tirent souvent profit de l’architecture singulière de la préfecture des Hauts-de-Seine pour figurer un aéroport ou un bureau d’avocat ». Récemment, Coralie Fargeat y a tourné une partie de son film The Substance, en compétition officielle au Festival de Cannes.

L’offre de décors est si vaste que les membres de la Mission Cinéma découvrent parfois des lieux dont ils ignoraient l’existence. « Nous avons d’anciens locaux de la Banque de France, ou même une résidence épiscopale, qui sont inattendus ». Les cellules de garde à vue peuvent également accueillir des tournages, comme ceux de Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin ou plus récemment de L’Amour ouf de Gilles Lellouche, également en compétition au Festival de Cannes.

Cinéma, télévision, courts métrages étudiants… la Mission Cinéma est ouverte à tous types de tournages. « Depuis 2020, nous en avons accueilli plus de 170 ». Les productions étrangères sont également les bienvenues. « Le tournage de la série Transatlantique (Netflix), d’Anna Winger et Daniel Hendler, a eu lieu en partie à la préfecture des Bouches-du-Rhône ». Un important travail d’organisation et de repérage. « Nous recevons les demandes, nous les étudions, et puis nous proposons les lieux et les dates qui conviennent aux personnels des sites et aux équipes de tournage ».

Au nom du réalisme

La Mission Cinéma peut orienter les professionnels qui le souhaitent vers un expert, afin de comprendre en détail une procédure interne, donner de la véracité à un récit ou encore apprendre le langage approprié. « Ce service est gratuit pour les professionnels de cinéma, de l’audiovisuel, mais aussi de l’édition. Nous livrons nos connaissances concrètes et techniques des métiers de l’Intérieur. Ensuite, libre aux artistes de se saisir de ces ressources ». Le réalisateur Cédric Jimenez a ainsi pu rencontrer certains policiers impliqués dans l’enquête des attentats du 13 novembre pour écrire son film Novembre.

L’autrice Pauline Guéna, pour son livre 18.3. Une année à la PJ, a fait une immersion de longue durée à la Police Judiciaire (PJ) de Versailles. Quelques années plus tard, le réalisateur Dominik Moll décide d’adapter une nouvelle issue de cet ouvrage, qui deviendra son film multi-césarisé La Nuit du 12. Il participe à son tour à une immersion de quelques jours avec la PJ, de Grenoble cette fois. « La boucle était bouclée ».

Une rencontre Les Histoires de l’Intérieur à la direction de la Police Judiciaire de Paris Ministère de l’Intérieur et des Outre-mer – D. Mendiboure

La Mission Cinéma met également à disposition des kits d’affiches et de logos. « Si une production a besoin de reproduire un décor de police, de gendarmerie ou une caserne de pompiers dans un autre lieu, ces éléments peuvent faire la différence. Nous fournissons également les fonds d’écrans, pour les ordinateurs. La série Le Bureau des Légendes (Canal +) d’Éric Rochant a bénéficié de ce soutien ». En revanche, le prêt de matériel n’intervient que lorsque les équipements recherchés ne sont pas déjà disponibles ailleurs. « Les véhicules sérigraphiés, les uniformes… tout ceci se trouve généralement chez les revendeurs privés. En revanche, en Outre-mer par exemple, ce marché n’existe pas. Dans ce cas-là, nous prêtons les accessoires ».

« Nourrir les imaginaires »

En parallèle à ces accompagnements, la Mission Cinéma organise des rencontres pour présenter les services et métiers de l’Intérieur. Les auteurs, scénaristes, réalisateurs ou producteurs qui s’y rendent peuvent échanger avec des professionnels en activité. « Les rencontres de l’Intérieur servent à mettre en lumière certains métiers peu ou mal connus, qui peuvent intéresser les professionnels du cinéma. Récemment, nous avons organisé une immersion au sein du Tripot de Beauvau, une reproduction de salle de jeu clandestine au sein du ministère destinée à entraîner les enquêteurs du Service central des courses et jeux ».

Les cinéastes, scénaristes et producteurs assistent à ces rencontres, mais aussi des directeurs de développement de cinéma et de fiction de chez Gaumont, Pathé, France TV ou UGC. « Nous avons développé ces rencontres pour nourrir les imaginaires en montrant la réalité de nos métiers. Aujourd’hui, elles génèrent de nouveaux projets de séries ou de longs métrages. Nous pouvons dire que la mission est pleinement lancée », s’enthousiasme Catherine Moreau.