Napoléon d’Abel Gance (1927)
C’est en voyant la fresque monumentale de D. W Griffith, Naissance d’une nation, que le français Abel Gance eut l’audace de s’attaquer à Napoléon. Porté par un budget pharaonique mais plombé par le désistement de son principal financier en cours de route, le film a vu son horizon se réduire. Cela n’a pas empêché le cinéaste d’expérimenter de nouvelles techniques de prises de vue (la fameuse séquence de la bataille de boules de neige avec la caméra embarquée, l’élargissement du cadre...) et de projection (le triptyque final). Si Gance voulait à l’origine raconter toute la vie de Napoléon, il se limite ici à son enfance, son itinéraire lors de la Révolution française puis de la Terreur, jusqu’à ses premiers faits d’arme et sa consécration. Le film de près de six heures, porté par l’acteur Albert Dieudonné, s’achève juste avant la campagne d’Italie. Gance devra attendre trente-trois ans avant de raconter la Bataille d’Austerlitz.
Napoléon de Sacha Guitry (1955)
Contrairement à Abel Gance, Sacha Guitry retrace en un seul métrage toute la vie de Napoléon. C’est par la voix et les souvenirs de M. de Talleyrand (Guitry lui-même) que l’épopée nous est contée. Pour façonner ce Napoléon, Sacha Guitry a les pleins pouvoirs et un budget quasi illimité. Dès lors, le cinéaste fait se succéder des tableaux grandeur nature illustrant les épisodes incontournables d’une vie marquée par les combats souvent héroïques et une vie intime sacrifiée sur l’autel de la gloire de la France. Avec ce long métrage de plus de trois heures, forcément subjectif, Sacha Guitry en conteur magnifique, s’octroie de nombreuses libertés historiques. Raymond Pellegrin incarne avec autorité le rôle-titre. Il est entouré par Michèle Morgan (Joséphine de Beauharnais) et Danielle Darrieux (Eléonore Denuelle de La Plaigne).
Austerlitz d’Abel Gance (1960)
Gance n’aura de cesse tout au long de sa carrière de revenir à la figure de Napoléon. En 1935, il signe Napoléon Bonaparte, une version remaniée (structure en flash-back) et surtout sonorisée de sa célèbre fresque de 1927. A la fin des années cinquante, Gance s’intéresse à la Bataille d’Austerlitz, sacrifiée dans son projet initial. Le film démarre par le sacre de Napoléon Bonaparte en 1804 et raconte ses premières grandes victoires. C’est Pierre Mondy qui incarne l’Empereur. La Bataille d’Austerlitz surnommé la bataille des Trois Empereurs est considérée par les historiens comme le « chef-d’œuvre tactique » de Napoléon, qui malgré l’infériorité numérique de ses troupes remporta une précieuse victoire. Abel Gance magnifie cet épisode glorieux à l’écran et montre un empereur animé de courage et d’un patriotisme inébranlable. Outre Mondy, le casting comprend également Jean Marais (Lazare Carnot), Martine Carol (Joséphine de Beauharnais), Vittorio de Sica (le pape Pie VII), Orson Welles (Robert Fulton), Jean-Louis Trintignant (Ségur fils) ou encore Jack Palance (le général Franz von Weyrother). En 1971, Gance termine sa carrière en remaniant son film sur Napoléon de 1935, y ajoutant certaines séquences. Le cinéaste Claude Lelouch fut l’un des producteurs de cette œuvre ultime.
Waterloo de Sergueï Bondartchouk (1970)
La bataille de Waterloo livrée le 18 juin 1815, reste l’un des évènements décisifs du règne de Napoléon. La défaite de l’armée française face une coalition composée des troupes britanniques, allemandes ou encore néerlandaises va, en effet, précipiter son abdication. Le film de Sergueï Bondartchouk est une coproduction italo-soviétique menée par Dino De Laurentiis. Le casting est principalement anglo-saxon avec Rod Steiger dans la peau de Napoléon et Christopher Plummer dans la peau de son pire ennemi, le duc de Wellington. Orson Welles, déjà présent dans le film d’Abel Gance consacré à la Bataille d’Austerlitz campe ici le roi Louis XVIII. Ce long métrage est marqué par l’imposante séquence consacrée à la bataille qui donne son nom au film. 20 000 figurants de l’armée russe furent mobilisés pour donner toute l’ampleur aux combats.
Adieu Bonaparte de Youssef Chahine (1985)
Egypte, 1798. Les armées françaises tentent de repousser l’oppression turque. Sur place un général français se lie d’amitié avec deux jeunes Egyptiens. Celui-ci découvre un pays et une culture, qu’il convient désormais de protéger contre un Napoléon avide de conquêtes. Le rôle du général est tenu par Michel Piccoli, Napoléon Bonaparte est campé par le metteur en scène Patrice Chéreau. A travers ce destin historique, Chahine ne cherchait pas tant à ternir la figure de l’empereur qu’il relègue à l’arrière-plan, qu’à célébrer l’humanisme d’un général français capable de s’enrichir au contact d’une autre culture.
Monsieur N. d’Antoine de Caunes (2003)
D’après un scénario de René Manzor, Antoine de Caunes signe un film intimiste sur les derniers jours de Napoléon exilé sur l’île de Sainte-Hélène. Le film se concentre sur la façon dont une personnalité aussi imposante et autoritaire que Napoléon a pu se soumettre à l’emprise de ses geôliers. C’est aussi le récit d’un homme qui décide de construire sa propre légende et prépare en secret un dernier coup d’éclat. Philippe Torreton campe un Napoléon Bonaparte ombrageux mais toujours séducteur, conscient de l’image qu’il renvoie. Antoine de Caunes donne à ce film historique l’allure d’un thriller. La musique du film est signée Stephan Eicher.