Riad Bouchoucha ne s’imaginait pas devenir cinéaste. La peur de l’inconnu, la pression familiale, le manque de contacts lui ont d’abord fait choisir des études de droit. « Cette voie m’a beaucoup apporté, explique-t-il, mais au fur et à mesure des années, mon envie de cinéma est revenue. » Il décide alors de préparer les concours aux écoles de cinéma, la Femis et Louis-Lumière, en solitaire. Il échoue mais ne se décourage pas et se lance alors sans aide, ni argent, dans la réalisation d’un premier court métrage, Héritages, en 2013, « autoproduit avec l’argent que je gagnais comme surveillant ». Cette première étape lui permet de s’affirmer comme jeune réalisateur.
Mais, au même moment, la dure réalité le rattrape. « J’ai perdu ma maman il y a quatre ans et ce que j’avais vécu pendant la veillée funéraire qui a duré plusieurs jours dans ma famille m’a donné l’idée d’écrire une histoire qui se passait dans cet environnement-là. » Ce qu’il cherche alors c’est une structure, une communauté pour le guider dans l’écriture de son scénario : « C’est ce qui m’avait manqué sur mon premier projet ». Il trouve alors sur le site du CNC les coordonnées de résidences d’écriture. Celle de La Ruche paraît correspondre à son profil « autodidacte et sans contacts dans le milieu du cinéma ». C’est dans cette résidence d’écriture que Maïmouna Doucouré a finalisé l’écriture de son film, Maman(s), récompensé par le César du meilleur court métrage. En 2016, Riad Bouchoucha postule à son tour avec un synopsis d’une vingtaine de lignes et un titre, La Veillée.
Une résidence d’écriture comme tremplin
La Ruche est une résidence d’écriture qui s’étale sur plusieurs mois et se déroule en trois temps, adossés à chaque fois à un festival de cinéma. Elle commence à Gindou au mois d’août, puis se poursuit en octobre au Festival International de Bordeaux et enfin en novembre au Festival du Film Court de Villeurbanne. « Avant la Ruche, j’estime que je ne savais pas écrire. Cette résidence m’a vraiment permis d’appréhender toutes les étapes d’écriture d’un scénario en partant du séquencier jusqu’à la continuité dialoguée. Ça m’a donné énormément confiance en moi. » Le jeune cinéaste a véritablement fait naître son projet dans la bienveillance de cette résidence comprenant huit participants guidés par deux tuteurs. « Il y a une émulation qui se crée entre nous, et le temps de travail entre les sessions est très bénéfique. C’est dur de rencontrer des professionnels quand on est seul dans son coin. »
C’est ainsi que le scénario de La Veillée prend forme. « Au début, mon personnage, Salim, était seul face à sa famille au cours de cette veillée. Et puis, j’ai créé le personnage du frère pour donner une tension au film. J’ai découvert et précisé toutes les intentions au fil de l’écriture. Tous les arcs narratifs et tous les rapports familiaux se sont affinés. Je suis parti de quelque chose que j’ai vécu et tout le travail a consisté à s’en éloigner pour créer des personnages avec leur vécu propre. »
Rencontre avec les producteurs
Mais La Ruche va au-delà de l’accompagnement à l’écriture. En janvier 2017, les participants à la résidence sont invités à rencontrer des producteurs à la SACD, à Paris. « J’ai eu quatre entretiens d’environ 45 minutes et c’est là que j’ai eu la chance de rencontrer mes producteurs, Emmanuelle Wahl (Qui Vive !) et Adrien Bretet (Pictor). Dès les premiers échanges, j’ai senti qu’on était sur la même longueur d’ondes et qu’ils voyaient le même film que moi. Assez rapidement, on a commencé à travailler sur le scénario. » Une fois l’écriture finalisée, une lecture du scénario est organisée au Festival Cinemed dans le cadre de l’opération Talents en court.
Riad Bouchoucha a finalement présenté le film fini en août 2019 au Festival de Gindou, trois ans après ses premiers pas à la Ruche. La Veillée a aussi été sélectionné aux Festivals Off-Courts de Trouville, Cinemed et Cinébanlieue. Faire partie des 54 films retenus (sur 2000 visionnés) pour la compétition nationale du 42e Festival du court métrage de Clermont-Ferrand est une nouvelle étape essentielle pour Riad Bouchoucha.
La Veillée de Riad Bouchoucha fait partie de la compétition nationale du 42e Festival du court métrage de Clermont-Ferrand qui se déroulera du 31 janvier au 8 février 2020.