Alors qu'il s'apprête à souffler sa 83e bougie, le réalisateur malien Souleymane Cissé soulèvera le Carrosse d'Or lors de la cérémonie d'ouverture de la Quinzaine des cinéastes le 17 mai prochain. Décerné par la Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF), ce trophée récompense un ou une cinéaste « pour les qualités novatrices de ses films, pour son courage et son intransigeance dans la mise en scène et la production ». Originaire de Bamako, Souleymane Cissé a réussi en 50 ans de carrière et seulement 7 longs métrages à construire une œuvre « à la croisée du poétique et du politique, de la critique sociale et de la mythologie, de l’ancrage dans la culture pluriséculaire du Mali et de l’ouverture au monde dans toute sa dimension pluriverselle. » Après plusieurs courts et moyens métrages, Cissé réalise son premier long intitulé Den Muso, un film dans lequel il capture la réalité sociale malienne à travers le sujet du viol et du puritanisme.
Il reçoit l'Etalon de Yennenga au FESPACO, d'abord pour son deuxième film Baara en 1979, puis pour Finyè (Le Vent) quatre ans plus tard. En 1987, son film Yeelen (La Lumière), tragédie sur les conflits ethniques et la sorcellerie, obtient le Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes. Moins prolifique dans la deuxième partie de sa carrière, le réalisateur malien a sorti O Ka, son dernier long métrage en date, en 2017.
En tant que lauréat de cette prestigieuse récompense, Souleymane Cissé prend la relève de David Cronenberg, Agnès Varda, Martin Scorsese ou encore John Carpenter. Les deux Carrosse d'or précédents sont revenus au documentariste Frederick Wiseman (2021) et à la réalisatrice américaine Kelly Reichardt (2022), dont le dernier film, Showing Up, sort en salles début mai. Souleymane Cissé est le deuxième metteur en scène africain récipiendaire du Carrosse d'Or après le Sénégalais Ousmane Sembène en 2005.