Jeanne d’Arc de Cecil B. DeMille (1916)
Réalisé alors que la Première Guerre mondiale fait rage, cette vie de Jeanne d’Arc débute dans les tranchées anglaises. Un jeune officier britannique trouve une épée médiévale. Pour le soldat c’est la révélation. Jeanne d’Arc lui apparaît et transporte son imaginaire – et celui du spectateur ! – au XVe siècle à Domrémy. Cecil B. DeMille déroule alors une fresque grandiose autour de Jeanne d’Arc. C’est l’un sinon le premier film historique du cinéaste américain qui connaîtra la gloire avec Ben Hur ou Les Dix commandements. En 1919, le personnage de Jeanne d’Arc, béatifiée 10 ans auparavant par le pape Pie X, est intouchable. Ce film célèbre sa pureté d’âme.
La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer (1927)
Dreyer le maître danois réalise ce film en France. Comme son nom l’indique, le scénario ne se concentre que sur le procès de Jeanne d’Arc. Un choix très resserré qui exclut les prises de vues extérieures. Et de fait, le film est majoritairement composé de gros plans sur la comédienne Renée Falconetti totalement habitée par son rôle. L’actrice ne se remettra jamais vraiment de cette expérience. Parmi les « visages » face à la Sainte lors du procès, il y a celui d’Antonin Artaud dans le rôle d’un huissier. Pour Chris Marker, cette Passion de Jeanne d’Arc est ni plus ni moins « le plus beau film du monde ».
Sainte Jeanne d’Otto Preminger (1957)
Ce film est l’adaptation de la pièce de George Bernard Shaw publiée en 1924. Elle se concentre sur les dernières années de la vie de Jeanne d’Arc. L’adaptation du texte pour le cinéma est signée de l’écrivain Graham Greene. C’est Jean Seberg qui tient le rôle-titre. L’actrice signe ici ses débuts d’actrice. Elle a été choisie par Otto Preminger parmi des milliers de prétendantes. Le tournage est marqué par un incident technique qui a failli transformer la jeune actrice en véritable torche humaine. Pas rancunière envers le cinéaste américain d’origine autrichienne, elle tourne dans la foulée son adaptation du roman de Françoise Sagan, Bonjour tristesse. Charles VII est, quant à lui, joué par Richard Widmark.
Le procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson (1962)
Pour résumer son film, Robert Bresson écrivait simplement : « Capturée par des soldats français du parti adverse devant Compiègne puis vendue aux Anglais, Jeanne d'Arc est emprisonnée depuis plusieurs mois dans une chambre du château de Rouen. Elle comparaît devant un tribunal composé presque exclusivement de membres de l'université anglophile de Paris, présidé par l'évêque Cauchon ». Fidèle à sa mise en scène épurée, Bresson signe un film dont l’apparemment dénuement stylistique le rapproche du travail de Dreyer. Florence Delay interprète son premier rôle à 21 ans et offre une composition dont l’extrême sobriété se confond avec la pureté de cœur de son personnage. Prix du Jury du Festival de Cannes en 1962.
Jeanne la Pucelle de Jacques Rivette (1994)
Jacques Rivette s’intéresse au destin quasi complet du personnage et divise son long métrage en deux parties. Il y a d’abord, Les Batailles. Le film raconte son destin à partir de sa rencontre avec le Dauphin Charles jusqu’à la prise d’Orléans. Vient ensuite Les Prisons, du Sacre de Charles VII au bûcher. C’est Sandrine Bonnaire qui campe la « Pucelle d’Orléans ». Ce double programme dure 5h36. Rivette n’envisage pas son personnage comme une exaltée guidée par l’esprit Divin mais par ses convictions profondes. C’est un idéal que filme ici le cinéaste et non un chemin de croix. Le scénario repose sur une grande précision historique et refuse les envolées spectaculaires au profit de l’intime.
Jeanne d’Arc de Luc Besson (1999)
A l’approche sobre et mesuré de Dreyer, Bresson ou Rivette, Luc Besson dans la lignée d’un Cecil B. DeMille mise ici sur le spectaculaire pour célébrer le parcours guerrier de cette jeune femme. A l’instar de sa Nikita, la Jeanne de Besson se veut avant tout une femme qui a soif de liberté et d’indépendance mais bute contre une société qui ne cesse d’empêcher son émancipation. Milla Jovovich déjà vue dans Le Cinquième élément, offre une composition très physique du personnage.
Jeanne de Bruno Dumont (2019)
Deux ans après la comédie musicale Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc, Bruno Dumont s’intéresse à nouveau à la Pucelle d’Orléans en adaptant la prose de Charles Péguy. Il a une nouvelle fois confié le rôle principal à la toute jeune Lise Leplat Prudhomme, 10 ans. Si les premiers temps du film racontent le parcours guerrier de Jeanne, la seconde partie se concentre sur le seul procès. Le film est ponctué par des chansons composées spécialement par le chanteur Christophe qui tient également un rôle lors du procès. Les séquences du jugement ont été tournées dans le majestueux intérieur de la cathédrale d’Amiens. Le film a été présenté dans la section Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes.