Les plus célèbres plans-séquences tournés grâce au Steadicam

Les plus célèbres plans-séquences tournés grâce au Steadicam

Shining
Shining Warner Bros - Hawks - Peregrine - DR - T.C.D

Imaginé par Garrett Brown dans les années 1970, le Steadicam a bousculé les tournages américains, permettant aux cadreurs de faire des travellings et de suivre l’action au plus près en toute fluidité. Passage en revue des plans-séquences les plus célèbres réalisés avec cet outil.


Le premier, En route pour la gloire (1976)

Ce n’est pas le plus beau, ce n’est pas le plus précis, mais c’est le premier. Opéré par son inventeur Garett Brown, il dure deux minutes et quatorze secondes. Il commence en hauteur par une vue plongeante sur un camp de réfugiés avant de suivre le héros, le musicien Woody Guthrie (interprété David Carradine), en train de se frayer un chemin dans la foule. Le film fut récompensé par un Oscar de la meilleure photographie pour Haskell Wexler.

Le plus iconique, Shining (1980)

Garett Brown, toujours lui, multiplie les plans au Steadicam dans l’hôtel isolé de Shining. Grâce à cet outil, il amplifie l’angoisse ressentie par le spectateur en filmant à hauteur d’enfant, en frôlant le sol et les murs. Comme lors de la scène où Danny circule dans les couloirs de l’hôtel sur son tricycle rouge ou dans le labyrinthe où Garett Brown exploite chaque virage. Quiconque a vu Shining ne peut oublier la poursuite finale dans le labyrinthe enneigé sur les pas de Danny.

Le plus haletant, L’impasse (1993)

Brian de Palma affectionne le Steadicam qu’il a utilisé dans plusieurs de ses films. Dans L’impasse, il est particulièrement intéressant dans la scène finale de la gare de Grand Central Station où Carlito Brigante (Al Pacino) cherche à fuir. L’opérateur Larry McConkey nous offre deux minutes et vingt-cinq secondes au ras de la veste en cuir de Pacino qui se cache dans la gare. La vue plongeante sur le hall des voyageurs est de toute beauté et le plan se termine en empruntant un escalator. Du grand art.

Le plus swinguant, Boogie Nights (1997)

C’est la première scène du film, qui débute à l’extérieur d’une célèbre boîte de nuit dans les années 1970. Opérée par Andy Shuttleworth et éclairée par Robert Elswit, la caméra fait entrer le spectateur dans le club, où l’on découvre les protagonistes du film dans l’animation de la soirée. Alors que l’on suit la serveuse à roulettes (Heather Graham), on s’arrête sur le héros du film, Mark Wahlberg. Un plan-séquence de près de trois minutes.

Le plus long, L’arche russe (2002)

Dans ce film qui se déroule au sein du musée de l’Ermitage à Saint-Petersbourg, le directeur de la photo et opérateur Steadicam Tilman Büttner a réalisé une véritable prouesse technique. Le film n’est qu’un seul plan séquence de 96 minutes. On suit un homme qui déambule au milieu des statues ou un groupe de danseurs dans les couloirs.

Le plus guerrier, Un long dimanche de fiançailles (2003)

Ici, Jean-Pierre Jeunet utilise le plan séquence au Steadicam pour montrer la répercussion d’un ordre militaire « Baïonnettes au canon ! ». Opéré par Valentin Monge et éclairé par Bruno Delbonnel, ce plan de vingt-deux secondes remonte la tranchée montrant les soldats effectuant l’ordre et le répétant à leur voisin.

Le plus bouleversant, La môme (2007)

Quand Edith Piaf apprend la mort de Marcel Cerdan, la caméra la suit dans l’appartement qu’elle occupe alors à New York. La scène débute par un rêve où Edith Piaf (Marion Cotillard) imagine le boxeur à ses côtés puis au fur et à mesure qu’elle parcourt l’appartement, elle croise ses employés, tous affichant des mines déconfites. Quand on lui apprend la terrible nouvelle, elle pousse alors un cri guttural qui se termine en chanson qu’elle entonne sur scène. Opéré par Roberto De Angelis, ce plan de plus de cinq minutes est très technique entre les différentes allers-venues de la chanteuse jusqu’à son moment paroxystique dans un couloir étroit qui la mènera sur scène.

Le plus choréographié, Reviens-moi (2008)

Joe Wright est aussi très client du Steadicam qu’il a utilisé dans nombre de ses films comme Orgueil et préjugés ou Hanna. C’est dans Reviens-moi qu’il a conçu, avec le directeur de la photo Seamus McGarvey, la séquence la plus impressionnante. Nous suivons le héros Robbie Turner (James McAvoy) cherchant à retrouver son amour Cecilia Tallis (Keira Knightley) sur la plage de Dunkerque ravagée par le désastre de la fuite devant les nazis. On en découvre l’étendue au fur et à mesure de son avancée sur la plage et c’est comme si on était projeté dans un tableau de Bosch ou dans le Guernica de Picasso. Opéré par Peter Robertson, le plan de cinq minutes et huit secondes, fut particulièrement compliqué à mettre en place et nécessita plusieurs heures de répétition.