Créer une comédie romantique avec du sens, c’était la volonté première de Jacques Ouaniche, lorsqu’il a imaginé l’histoire de Yaël Mendes, jeune fille d’origine juive qui a grandi à Paris et qui décide de partir vivre en Israël après un drame familial, un pays où les femmes de sa communauté semblent être libres et en sécurité. À l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, le jour du grand départ, elle fait la connaissance de Youssouf, qui veut lui aussi décoller pour Tel-Aviv. Issu d’une famille originaire d’Algérie, ce brillant élève de Sciences Po ne supporte plus les désillusions françaises. Il a décidé d’aller passer une année dans une ONG à Gaza. Mais quand il croise Yaël, c’est le coup de foudre… Leur histoire commence dans un studio boulevard Saint-Germain. Elle devra résister aux tensions de la crise proche-orientale qui les rattrape… et les propulse soudainement à Gaza.
Un tournage entre Paris, Israël et Gaza
Le créateur et réalisateur de cette série OCS a d’abord eu envie d’analyser, à travers cette belle histoire, « la jeunesse actuelle qui réagit à des conflits lointains, touchée par des choses qui pensent être leurs convictions, alors que ce n’est pas le cas. » Marqué par des affrontements ayant eu lieu ces dernières années à Paris, entre pro-Palestiniens et pro-Israéliens, le cinéaste « voyait ces jeunes qui se tapaient dessus de manière inconsidérée. Je trouvais cela fou que ces enfants français, élevés dans des écoles de la République, s’affrontent ainsi alors qu’ils sont probablement amis au lycée d’ordinaire. J’ai donc voulu en faire une métaphore à travers un tunnel à Gaza, qui symbolise cette rencontre de deux êtres que tout oppose mais qui vont s’aimer, d’abord à Paris, puis 4 600 kilomètres plus loin, au Proche-Orient. »
La production a pu aller filmer sur place. Pendant une semaine, Jacques Ouaniche et ses acteurs ont tourné à Gaza et en Israël, sur la frontière israélo-palestinienne. « Ce n’est pas très compliqué de tourner en Cisjordanie, mais Gaza, c’est très fermé. Étrangement, cela a été très facile d’aller filmer là-bas pour nous. On est passé par une chaîne francophone basée à Tel-Aviv et grâce à eux, on a pu aller faire quelques images sans trop de difficultés ». La production a pu compter sur une équipe locale composée d’Israéliens et de Palestiniens, « qui travaillent régulièrement ensemble. Tout s’est très bien passé. C’était même assez fraternel. Visiblement, cela ne leur pose aucun problème de travailler ensemble. Et d’ailleurs, pour l’anecdote, quelques membres de notre casting devaient parler un arabe palestinien dans la série. On a beaucoup répété avec des coachs en France. Sur place, nos collègues palestiniens – appelés aussi arabes israéliens ou Palestiniens de l’intérieur – ont servi de consultants pour l’accent?! »
Dans un tunnel de la Première Guerre mondiale
Ce fameux tunnel de l’amour, entre Gaza et Israël, là où l’amour de Youssouf et Yaël s’épanouit, n’existe pas réellement. « Ce tunnel, c’est une fable. Et le plus beau, c’est qu’on en a trouvé un vrai, en France. Un ancien tunnel de la Première Guerre mondiale, découvert dans les Hauts-de-France par une association. Cela faisait quelques semaines seulement qu’il avait été découvert et il était totalement dans son jus. Il y avait encore des morceaux d’uniformes allemands, des douilles, etc. Alors l’association en question a dû démilitariser le lieu avant qu’on puisse y tourner. Ces décors réels donnent une impression d’étouffement, et c’est ce qu’on souhaitait rendre à l’écran. En plus, il faisait très froid, alors tout cela a créé un véritable esprit de troupe au sein de l’équipe?! » Une troupe emmenée par Tess Boutmann et Adib Cheikhi, respectivement Yaël et Youssouf. Un couple comme une évidence pour Jacques Ouaniche, qui raconte qu’ils se sont « imposés naturellement durant les auditions. Une espèce de magie s’est produite. Une étincelle. »
Les Capulet et les Montaigu, remis au goût du jour
Jacques Ouaniche définit cette épopée romantique comme « une romance géopolitique ou géo-sentimentaliste ». Il a cherché ainsi à casser les codes, comme lorsqu’il a produit L’Esquive (Abdellatif Kechiche) en 2003, « où on voulait parler des banlieues, mais d’une façon optimiste ». Cette fois, il signe un Roméo et Juliette revisité. « On rejoue les Capulet et les Montaigu, remis au goût du jour. C’est l’inspiration derrière cette série. » Avec au passage, l’ambition d’aborder le conflit israélo-palestinien sous un angle nouveau : « On va un peu au-delà de l’histoire d’amour qui dévore Youssouf et Yaël. Ils vont se retrouver immergés dans un conflit qui les dépasse. Elle, dans l’armée israélienne et lui dans un foyer palestinien où il se sent vraiment accueilli et compris. L’idée de la série, c’est aussi de montrer qu’il suffit parfois de seulement changer le cadre de références pour comprendre l’autre. »
Croisement Gaza – Bd Saint-Germain (6x45mn)
Créée et réalisée par Jacques Ouaniche
Coécrite par Jacques Ouaniche et Lise Barembaum
Avec Tess Boutmann, Adib Cheikhi, Meriem Serbah
Disponible sur OCS Max à partir du jeudi 24 août
Soutien du CNC : Fonds de soutien audiovisuel (FSA)