Comment fonctionne le comité de sélection du Festival de La Rochelle ?
Les producteurs, avec l'accord des chaînes, soumettent leurs fictions au comité de sélection. On les regarde ensuite toutes. Nous sommes sept. Et après, nous débattons entre nous, pour savoir celles qui méritent le plus d'être en sélection. Il faut choisir, trancher, parce que nous avons un nombre limité de places, forcément. Cette année, on s'est dit que nous ne prendrions pas plus de sept inédits par exemple (sept séries ou saisons inédites dans les deux grandes catégories de la compétition officielle, les téléfilms et les séries 52'/90' ndlr)..
Combien de fictions visionnez-vous entre deux festivals ?
On reçoit environ 80 ou 90 fictions parmi lesquelles il faut choisir, chaque été. Et on a un mois et demi pour tout voir et faire notre sélection. Parce que la condition requise, pour être retenu, c'est que ce soit des séries inédites ou des saisons inédites. Notre sélection s'arrête fin juillet. Autant dire qu'on a un mois de juillet très télévisuel, parce qu'il faut tout voir. Tous les membres du comité de sélection doivent regarder en intégralité les œuvres qui lui sont soumises. Parfois un peu en accéléré, mais on s'impose de tout regarder en entier avant de choisir.
Quels sont les critères pour être sélectionné au Festival de La Rochelle ?
Il n'y a pas spécialement de critère, si ce n'est qu'il faut être une fiction française et donc d'un producteur français, en langue française, pour figurer dans la compétition officielle classique à La Rochelle. En résumé : de l'inédit français, quel que soit le format.
Est-ce que vous vous imposez des quotas, pour représenter un maximum de chaînes ?
On fait un bilan post sélection, mais on ne s'impose absolument rien. Il n'y a pas du tout de quota entre les chaînes. De toute façon, les chaînes, pendant le festival, proposent une soirée qui leur est réservée, au cours de laquelle elles présentent un de leurs programmes, soit inédit, soit déjà diffusé, qui relève de leur envie et qui ne passe pas par notre comité de sélection. Le Festival fait cela chaque année, pour justement éviter qu'il y ait un manque de représentativité de telle ou telle chaîne.
Est-ce qu'il y a des séries que vous voudriez présenter et que vous ne pouvez pas avoir ?
Oui, absolument, pour des questions de délais, il peut y avoir des séries qui sont diffusées juste avant le festival et qu'on ne peut pas prendre du coup en sélection. Cette année, il y a deux fictions qui nous auraient bien plu, qu'on avait dans le collimateur, et qui n'ont pas pu être retenues, au dernier moment, parce que les chaînes les ont programmées en septembre...
Vous avez rajouté une catégorie mini-série l'an dernier. Est-ce difficile de catégoriser les séries quand on fait une sélection ?
Si on essaye trop de rentrer les séries dans des cases, je crois qu'on n'en sort plus ! On ne va pas démultiplier le nombre de catégories. Je crois que ça rendrait la chose indigeste. L'idée, c'est avant tout de se concentrer sur les contenus, l'histoire, le scénario, les personnages, le casting, peu importe le format.
Quel regard portez-vous sur l'évolution des séries télé notamment en France ?
Il y a des effets de société. Les thèmes qui sont abordés dans les fictions françaises sont assez systématiquement ceux du climat social du moment. Cette année, par exemple, on était en plein dans les familles recomposées, les adolescents en situation psychologique précaire, le tout se passant à l'école. Au contraire, on n'a pas reçu beaucoup de séries policières. En somme, il faut être dans l'air du moment, avec des histoires un peu tristes, compliquées, douloureuses. Pas beaucoup d'humour. C'est quelque chose de très typique de la fiction française, session 2019. Et puis on n'a eu aucune série sur les dessous de la vie politique, ni de série guerrière ou militaire...
Comment jugez-vous la sélection de cette année ?
On a été très frappés par la qualité des scénarios et du jeu des comédiens. D'une manière générale, la qualité de finition des séries française n'a rien à envier aux séries anglo-saxonnes. D'ailleurs on le voit, elles se vendent désormais très bien partout dans le monde.