Quand vous commencez la série en 2016, saviez-vous déjà comment elle allait se terminer ?
C’est quand on a commencé à travailler sur la saison 3 que la fin s’est réellement construite. En saison une, nous n’avions jamais pensé à la saison 2. Donc imaginez, la fin de la série ! C’est quand on a commencé le travail sur la saison 3 que j’ai vraiment su où je voulais aller. Il était temps de conclure, car Les Grands est avant tout une série sur l’adolescence et à un moment ce n’aurait plus été crédible de poursuivre. Je n’avais pas vu beaucoup de séries se conclure, mais j’avais été très impressionné par la fin de Six Feet Under. Pour Les Grands, j’avais surtout une image finale en tête. J’avais envie qu’à la fin, on pose un dernier regard sur eux. Et je trouvais ça assez beau de les filmer en train de dormir. J’avais cette image en tête : mes personnages au plus fort de leur amitié dormant ensemble, le soleil qui se lève et le personnage d’Humbert (Laurent Bateau) qui les regarde. Je voulais terminer sur cette image-là. Du coup en a découlé l’idée des vacances et après, on a construit le début de l’histoire de la saison. Finalement, ça s’est fait à l’envers.
Un épisode en plan séquence, un épisode d’une heure (une première pour OCS)… C’est parce que c’était la dernière saison que vous avez osé aller plus loin ?
On avait la sensation d’avoir de la matière pour développer l’histoire plus longtemps, donc on a demandé à OCS plus d’épisodes. On en a eu douze. Et en fait quand on a écrit les trois derniers, on s’est retrouvé avec une chronologie qui pouvait tenir sur 1 heure 10. On voulait quelque chose de plus dense, on souhaitait avoir le temps de rester avec les personnages, de les regarder vivre… Nous avons quand même montré le montage d’1 heure 10 à la place des trois épisodes prévus à l’origine aux producteurs qui l’ont validé, puis à OCS qui a accepté.
Et pour l’épisode en plan séquence ?
J’avoue que j’avais beaucoup aimé le film Victoria de Sebastian Schipper et ça m’amusait bien d’essayer le plan séquence pour notre dernière saison. Il se trouve que l’épisode s’y prêtait et que pour la production, le surcoût n’était pas plus important. En général on tournait un épisode en deux jours et demi. Celui-là nous a pris trois jours. Après il faut bien comprendre qu’avec cette dernière saison, je commençais à très bien connaître les comédiens, leurs méthodes de jeu et je voulais les mettre en valeur : montrer l’étendue de leur talent. C’était à mon sens la meilleure façon de le faire, surtout pour la fin de la série.
En termes de production, cette dernière saison était-elle plus chère, sachant qu’il y a beaucoup plus de décors et donc plus d’épisodes ?
Un peu oui, surtout avec les épisodes supplémentaires, mais pas vraiment en fait. Nous ne nous sommes pas « lâchés » sous prétexte que c’était la dernière saison. En revanche avec deux saisons derrière nous, à l’écriture, nous savions plus précisément ce qui était possible ou non et on s’est adapté. Reste qu’il y avait des choses sur lesquelles j’ai été intransigeant.
Par exemple ?
La BX jaune jaune pâle et patinée. J’y tenais et effectivement c’est de l’argent, car il faut trouver une BX de la bonne couleur, qui roule et qu’on peut amener à la mer. Mais elle était importante pour moi cette voiture. C’est le symbole de cette dernière saison : elle représente le voyage, la route vers le monde adulte…
Les dix épisodes de la série Les Grands sont à découvrir à partir du 31 octobre sur OCS.