Comment est née Mère indigne au sein de Kabo Family ?
Kabo Family est une fédération de plusieurs producteurs, qui ont leur autonomie et certains leur propre label. C’est le cas ici, puisque Mère indigne est produite par le label Kapitch, qui est celui de Khaled Amara, l’une des forces artistiques historiques de Kabo. Il a commencé comme auteur sur Caméra Café, aux côtés d’Alain Kappauf, puis sur Scènes de ménages. Il est ensuite devenu directeur d’écriture, puis producteur artistique de Scènes de ménages. Mais il a toujours gardé son ADN d’auteur. Chez Kabo, on a cette volonté d’accompagner les talents sur leurs envies, en leur offrant la possibilité de s’attaquer à des formats différents, en dehors des séries « historiques » qu’on produit avec eux. Par exemple, il y a quelques années, quand Tarek Boudali jouait dans En famille, on a coproduit son premier film, Épouse-moi mon pote (2019). On a aussi produit le spectacle d’Audrey Lamy. La même chose s’est passée pour Mère indigne. Khaled et Anne-Élisabeth se connaissent très bien, grâce à Scènes de ménages, et elle lui a proposé cette idée de série.
Comment avez-vous contribué au développement de la série ?
Khaled avait un rôle de producteur et de showrunner. Il a donc coécrit les épisodes avec Anne-Élisabeth. C’est une manière d’amener une sensibilité particulière. Ensuite, Khaled a accompagné Anne-Élisabeth parce qu’elle souhaitait aussi réaliser. On a mis en place les choses pour qu’elle puisse coréaliser avec Romain Fisson-Edeline.
Mère indigne est une comédie qui parle de la mère d’aujourd’hui, de sa charge mentale, de son rapport à l’enfant ou à sa propre mère. La famille, c’est un sujet majeur pour Kabo Family ?
Complètement. Surtout parce que la famille est le terrain de jeu naturel de la comédie. Cela fait écho à des choses qui nous parlent. Le public se reconnaît aisément dans ces histoires. Très souvent, les comédies, que ce soit à la télé ou au cinéma, tournent autour de thématiques familiales au sens large. Il y a de nouveaux formats de comédie qui émergent avec les plateformes. Des 26 minutes feuilletonnant, qui sont des comédies d’arène. On investit un lieu spécifique, comme une arène professionnelle. Mais là encore, on retrouve les dynamiques d’une comédie de famille. A mon sens, ce sont les mêmes schémas.
Justement, le streaming est un terrain de jeu que Kabo a commencé à investir avec des séries comme Killer Coaster (Prime Video). C’est devenu un objectif important pour le groupe ?
On veut d’abord soigner nos relations avec nos partenaires historiques, notamment avec M6, mais aussi avec France Télévisions, avec qui on a fait Kepler(s) ou L’Île aux trente cercueils. On finit d’ailleurs de tourner pour eux un thriller écologique, Rivages, en Normandie. On filme aussi actuellement la série policière La Recrue, pour TF1. Tout ça, c’est notre socle et on le cultive. Mais l’avènement des plateformes de streaming a fait émerger de nouveaux potentiels et de nouvelles formes d’écriture. Je pense surtout aux comédies en 26 minutes, qui ont du mal à exister en linéaire, parce que cela demande des cases spécifiques de diffusion. C’est pour cela qu’on ne fait plus de sitcoms depuis de nombreuses années. Quand on a fait Les Beaux malaises avec Franck Dubosc (M6), en 2016, on s’est heurtés à ces problématiques de programmation. Les plateformes s’affranchissent de ces contraintes. On peut faire des épisodes avec des durées différentes, on peut aller vers du feuilletonnant… Donc on a investi ce terrain avec Mixte puis Killer Coaster sur Prime Video. C’est l’une de nos priorités, parce qu’on a un savoir-faire en matière d’exécution sur la comédie. On a cette force, dans la Kabo Family, d’avoir des producteurs avec des talents complémentaires. Mais les plateformes ne sont pas l’eldorado attendu. On voit qu’en termes de volume, c’est moins que ce qu’on escomptait. Et pour les films en streaming, on se rend bien compte que pour l’instant, les plateformes s’adressent d’abord aux gens du cinéma.
Le cinéma, c’est une activité encore secondaire pour Kabo ?
Oui. On fait quelques coproductions. Cette année, on a coproduit le premier film d’Artus, Un p’tit truc en plus, porté par Ciné Nominé. On est aussi derrière une coproduction européenne, The Return, avec Juliette Binoche et Ralph Fiennes, qui raconte le retour d’Ulysse à Ithaque. Mais c’est vrai que ce sont avant tout des opportunités.
Comment est né Kabo Family ?
De l’association d’Alain Kappauf et Christian Baumard : un créatif (Caméra Café, Kaamelott) et un chef d’entreprise. C’est la rencontre de l’artistique et du business. Au départ, ça a vraiment été de l’artisanat, avec des petites séries pour la TNT. Et puis un jour, il y a eu Scènes de ménages et la volonté de M6 de travailler avec nous. Ce qui a lancé Kabo, c’est vraiment le succès de cette série. Cela nous a permis d’investir et de faire d’autres choses en fiction, de renforcer le staff et d’apporter de la visibilité à l’entreprise. Quelques années plus tard, En famille a aussi cartonné. Et puis on s’est diversifiés, d’autres producteurs nous ont rejoints. Aujourd’hui, on est 7 producteurs. La dernière étape marquante pour Kabo a été de rejoindre le groupe Asacha, il y a deux ans et demi, pour s’étendre à l’international et être plus fort dans les discussions avec les plateformes. Aujourd’hui, il faut tout un écosystème pour qu’un producteur puisse bien travailler.
Et quel est l’écosystème de Kabo Family ?
Un socle solide déjà, avec le succès des shortcoms. Ensuite, on donne les moyens aux gens de se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire le développement des projets. Dans la Kabo Family, on réfléchit ensemble, il y a une synergie entre les producteurs, qui ne sont pas en concurrence. Ils sont complémentaires. Et puis, il n’y a pas de verticalité. On est vraiment concentrés sur l’artistique.
Mère Indigne
10x26 minutes, sur France.tv depuis le 1er décembre 2023
Créée par Anne-Élisabeth Blateau
Écrite par Anne-Élisabeth Blateau et Khaled Amara
Réalisée par Anne-Élisabeth Blateau et Romain Fisson-Edeline
Avec Anne-Élisabeth Blateau, Eva Darlan, Mounir Margoum, Élodie Frenck…
Produite par France Télévisions et Kapitch Production
Soutien CNC : Aide automatique à la production – FSA
