« Plus belle la vie », « Un si grand soleil » : comment s'écrit un épisode d'un feuilleton quotidien ?

« Plus belle la vie », « Un si grand soleil » : comment s'écrit un épisode d'un feuilleton quotidien ?

08 février 2019
Séries et TV
Plus belle la vie
Plus belle la vie François Lefebvre - FTV

Rendez-vous incontournables pour des millions de fidèles, les feuilletons quotidiens demandent une organisation millimétrée pour l'écriture réalisée par plusieurs équipes de scénaristes.


Le feuilleton quotidien a le vent en poupe sur le petit écran. Alors que France 3 rassemble chaque soir, depuis 2004, de nombreux fidèles - Plus belle la vie a par exemple attiré 3,6 millions de fans (19,3% du public) le 23 juillet -, TF1 a lancé Demain nous appartient en juillet 2017. Le 27 août 2018, c'est France 2 qui dévoilera à 20h40 Un si grand soleil, sa série quotidienne. Mais comment sont écrits les épisodes de ces feuilletons diffusés chaque jour, du lundi au vendredi ? « C'est une grosse machinerie », reconnaît Olivier Szulzynger qui a officié de 2010 à 2016 comme auteur et directeur de collection pour Plus belle la vie. « On écrit l'équivalent d'un long métrage par semaine. Ce sont des techniques très précises avec peu de variations possibles. Les méthodes sont les mêmes aux Etats-Unis. C'est compliqué d'écrire 100 heures de fiction par an, vous devez avancer très régulièrement tout en gardant une continuité dans l'écriture », poursuit l'actuel scénariste, directeur de collection et coproducteur d'Un si grand soleil.

Pour arriver à tenir les délais, deux équipes travaillent au quotidien sur les scénarios. « Pour écrire une semaine de feuilleton quotidien, il faut environ 16 auteurs. Il y a une équipe qui écrit les histoires, les structures et les séquences supervisée par le directeur de collection », explique Olivier Szulzynger au CNC. Le travail de cette première équipe est ensuite complété, la semaine suivante, par les auteurs chargés d'écrire les dialogues. « Chaque dialoguiste prend un épisode. Les deux responsables de dialogue récupèrent ensuite ces premières versions et réécrivent tout pour donner une unité de ton », ajoute l'auteur et scénariste. Du côté de Demain nous appartient, la série de TF1 tournée intégralement à Sète, « une trentaine de scénaristes répartis en trois équipes (pour les histoires, les dialogues, les séquenciers) » travaillent depuis Paris, souligne Les Echos dans un article publié en juin dernier. « En général, il y a trois ou quatre histoires par épisode, dont un mystère et une comédie. Il faut avoir le bon dosage entre une certaine routine pour créer l'attachement et de la surprise », conclut Vincent Meslet, le producteur de Demain nous appartient, dans cet article.

Le secret pour être réactif à l'actualité

L'un des grands points forts de ces feuilletons quotidiens, c'est leur grande capacité de réaction face à l'actualité. Le 7 décembre dernier, les habitants du Mistral ont par exemple rendu hommage à Johnny Hallyday, décédé 2 jours plus tôt. Même réactivité cet été lors de la Coupe du monde de football. Les personnages de Plus belle la vie ont fêté la victoire de la France le lundi 16 juillet, alors que le match qui opposait les Bleus aux Croates a eu lieu la veille, dans l'après-midi. « Quand ils ont su que la France était en finale, ils ont sûrement dû tourner deux séquences le mercredi soir : l'une avec les Bleus qui gagnent, l'autre où ils perdent. Il y avait donc deux épisodes. C'est ce qu'on fait également en cas d'élections présidentielles », explique Olivier Szulzynger au CNC, en précisant que les épisodes de PBLV sont habituellement écrits « trois mois et demi » avant leur diffusion.

Pour des événements totalement imprévisibles ou tragiques, les modifications sont faites dans l'urgence. Revenant sur les hommages rendus par la série de France 3 aux victimes d'attentats, il ajoute : « On écrit la séquence dès que l'événement se passe, en une heure. C'est tourné dans l'après-midi. Le temps de la mettre dans le PAD (prêt à diffuser ndlr), c'est à l'antenne deux jours plus tard. Ce sont des séquences rajoutées, souvent mises au début de l'épisode lorsqu'il s'agit d'événements tels que des attentats ».