Comment est née votre web série, Les Engagés ?
J’ai toujours été passionné de fictions. Pendant longtemps j’ai écrit sur les séries, notamment dans un fanzine, Le village, qui parlait de séries européennes. Et puis, fin 2010, j’ai développé comme scénariste Les Engagés, un projet de série autour du militantisme LGBT à Lyon que je connaissais bien. En même temps, j’avais plein de questions qui étaient restées non résolues sur l’engagement aujourd’hui, sur la façon de faire du collectif dans une société individualiste. Pendant les cinq années qui ont suivi, j’ai essayé de vendre ce projet sans y arriver.
Comment vous êtes-vous tourné vers la web série ?
J’ai été confronté à deux principales difficultés. La première c’était le sujet : ça semblait très compliqué d’arriver sur les antennes de nos chaînes françaises avec une série qui mettait principalement en scène des personnages LGBT. Le deuxième problème était le ton : je voulais faire une série portée par les personnages - une chronique- et pas une série d’investigation. Internet me semblait alors l’espace idéal parce que là mon sujet semblait un atout ; sur la toile, on cherche à se différencier. En 2015, quand les premières plateformes sont nées, j’ai donc remanié mon projet pour le développer sous forme d’épisodes de 10 minutes. Et j’ai postulé à Studio 4, la plateforme de séries web de France Télévisions. Ils ont tout de suite accroché au projet. Je pense que j’ai « bénéficié » des manifestations contre le Mariage pour tous où les gens se sont rendu compte que le militantisme LGBT avait sa raison d’être et que la question des droits des homosexuels n’était pas si réglée que ça.
Aviez-vous des sujets en particulier que vous souhaitiez aborder ?
J’ai écrit en enquêtant sur les sujets les plus contemporains, en me documentant, en étant à l’écoute des messages sur les réseaux sociaux. Cette année, du coup, un des sujets force de la saison 2 est la question de la transidentité, très peu traitée jusqu’à présent dans l’audiovisuel. La série a aussi une dimension universelle dans le sens où la question thématique centrale c’est la conciliation de la quête de soi et du collectif.
La série a-t-elle immédiatement fonctionné ?
L’avantage d’Internet c’est que ça permet de toucher plus de monde. La série est sur Youtube, accessible à tous. N’importe quel adolescent de 14 ans qui se pose des questions peut la voir, trouver des personnages auxquels s’identifier. Moi quand j’étais ado, en tant que jeune gay, pour voir un personnage qui me ressemble je devais regarder une série américaine. Avec Les Engagés, nous permettons à chacun des membres de la communauté LGBT d’avoir droit à une représentation. Aujourd’hui, la première saison a atteint un cumul de 800 000 vues. Mais nous sommes aussi diffusés à l’étranger par TV5 Monde, sur Amazon Prime ou sur FilmIn (une plateforme espagnole). La série a aussi, dès la première saison, été éditée en DVD en France.
Une saison 3 est-elle déjà prévue ?
On vient tout juste de terminer la saison 2 ! On a envie de prolonger le destin de ces personnages, mais on se retrouve dans la problématique de toutes les séries françaises, à savoir qu’on est une industrie de prototype, et chaque saison, nous oblige à tous recommencer y compris dans les démarches vers les partenaires. Notre envie est intacte, il faut que les fenêtres s’alignent une troisième fois.
La saison 1 est à revoir sur Studio 4 :
https://studio-4.nouvelles-ecritures.francetv.fr/les-engages-2291.html
La saison 2 des Engagés est sortie le 6 décembre en DVD chez Optimale et est disponible en streaming sur la plateforme http://www.queerscreen.fr.