Un château devenu cinéma
Implanté à Lomme, dans la banlieue de Lille, le complexe Kinepolis a été construit en intégrant le château d’Isenghien. Construit au XVe siècle, ce château qui abritait les seigneurs de Lomme a connu de multiples vies avant de devenir une maison de campagne bourgeoise après être tombé en ruines. Racheté par la commune, la maison toujours nommée château d’Isenghien a été au cœur du parc de loisirs Lillom inauguré en juin 1985. Ce dernier, qui racontait l’évolution de l’humanité, de la préhistoire au futur a fermé en 1987 faute de public. Une partie de ce parc a donné naissance au parc naturel urbain de Lomme, une autre abrite le Centre Régional des Arts du Cirque tandis que le manoir est devenu la façade du cinéma Kinepolis Lomme. « A l’époque (de la construction du cinéma qui a ouvert en 1996, ndlr), il y avait ce grand terrain et autour du manoir il n’y avait que des champs. La rocade qui passe à côté du Kinepolis et du centre commercial a été construite en même temps que le cinéma. C’était un pari assez fou à l’époque d’imaginer ce mégaplexe à cet endroit-là où il n’y avait rien », précise Franck Barrières, le directeur du cinéma depuis 2015.
Le plus grand cinéma de France
Deuxième cinéma français le plus fréquenté derrière le Ciné Cité des Halles à Paris, le Kinepolis Lomme réalise chaque année près de 2 millions d’entrées. Disposant de 6 816 fauteuils répartis dans 23 salles, l’établissement organise chaque année 40 000 séances pour 350 films en moyenne. Propriété du groupe belge Kinepolis, ce cinéma est « le complexe emblématique du groupe », souligne son directeur. « A Lomme, il y a une proximité avec la Belgique. Au moment où le cinéma a ouvert, il n’y avait pas beaucoup de multiplexes de cette envergure dans la métropole lilloise. L’objectif était donc d’attirer tous les publics, même ceux extérieurs à la ville. Ce qui est encore le cas aujourd’hui », explique-t-il. Aujourd’hui, le Kinepolis Lomme a davantage de concurrence depuis l’ouverture des UGC Ciné Cité de Lille et de Villeneuve d’Ascq. « Le cinéma de Villeneuve d’Ascq a automatiquement eu un impact pour nous. Mais il a aussi permis d’augmenter le marché. Toutes les entrées de ce cinéma ne correspondent pas à une perte du nôtre. Il a aussi attiré un autre public », détaille Franck Barrières.
De l’argentique au premium
Sur les 23 salles, 2 sont premium. Le cinéma a ainsi ouvert en février 2018 une salle 4DX où différents effets tels que des lumières, des odeurs, des projections d’eau et des mouvements de fauteuil, sont synchronisés au film projeté à l’écran. En décembre 2019, c’est une salle Screen X - avec des panneaux latéraux permettant de prolonger l’écran – qui a ouvert ses portes dans le cinéma qui disposait déjà de 3D et, depuis 2014, d’une salle Laser Ultra. « C’était le premier projecteur laser 4K et le Son Dolby Atmos sur une configuration assez grande car nous avons 64 enceintes dans cette salle qui est l’une des plus grandes – 620 places. L’écran est lui aussi très grand avec une dimension de 245 m². Toutes nos salles ont d’ailleurs des écrans déployés du sol au plafond ainsi que des fauteuils de 1,2m de largeur ». En parallèle des salles premium, le cinéma propose également des projections argentiques lorsque la copie en 35 ou 70 mm est disponible. Ce sera le cas pour le prochain film de Christopher Nolan, Tenet, qui sera projeté en 70 mm. « On a la chance d’avoir des projectionnistes qui maîtrisent encore l’argentique et certaines salles équipées de tels projecteurs aux côtés du numérique ».
Le cinéma, un « événement complet »
De nombreuses formules ont été instaurées par la direction pour faire du cinéma bien plus qu’un simple lieu de projection mais une sortie complète. En parallèle des séances « Kultisime » proposées à un tarif spécial pour faire (re) découvrir des films moins récents tels que Le Seigneur des anneaux ou Dirty Dancing, le Kinepolis Lomme organise régulièrement des « Matinées magiques » un dimanche par mois - « C’est souvent un film en avant-première avec une animation pour les enfants comme des magiciens, des gonfleurs de ballons » - ainsi que des soirées filles où la séance est précédée d’une collation. Différents stands de ventes ou de beauté sont aussi installés. « Nous avons aussi des « Horror night », des projections de films d’horreur avec une mise en ambiance de la salle avant le film. Il y a un décor particulier, une musique terrifiante et des personnages qui viennent vous faire peur. La salle est plongée dans le noir et nous faisons entrer les spectateurs par petits groupes », explique Franck Barrières. Autres rendez-vous réguliers, des « soirées K » pour les 14-16 ans avec, à l’issue de la projection, une soirée avec de la musique, des jeux et un buffet.
Favoriser le retour du public
Fermé pendant plusieurs semaines pour cause de coronavirus, le Kinepolis Lomme a rouvert ses portes le 22 juin mais de manière progressive. Une seule aile du cinéma (qui en compte deux) a été ouverte dans un premier temps avec des horaires plus réduits, la première séance étant à 16h30 au lieu de 14h, et la séance de 22h/22h30 étant annulée. Le nombre de salles et l’amplitude horaire de la programmation ont ensuite été élargis. Comme tous les cinémas, la direction a appliqué les mesures sanitaires pour accueillir le public. « Par sa surface et son mode de fonctionnement, il était facile de les mettre en place. Les flux entrants ne croisent jamais les flux sortants chez nous ». De plus, depuis des années, les places réservées sont numérotées. Un système informatique qui a permis de bloquer facilement les fauteuils à droite et à gauche des groupes de spectateurs. « Nos fauteuils font 1,2 m de largeur et il y a 1,25 m de distance entre chaque rangée. Les distances sont donc respectées », précise Franck Barrières.
Des plexiglas ont été installés en caisse tout comme du gel hydroalcoolique à différents endroits du cinéma. Le personnel a aussi été formé aux mesures sanitaires la veille de la réouverture. « On a espacé plus qu’à l’accoutumé nos séances pour favoriser le nettoyage aussi bien des salles que des caisses, des poignées et des bornes automatiques. Une personne passe entre chaque séance pour désinfecter toutes ces zones. C’est un investissement humain important mais en cette période particulière, il est indispensable pour garantir à la fois la sécurité sanitaire des clients et du personnel », ajoute-t-il.
Pendant toute la fermeture des salles, le community manager du groupe est resté en contact avec le public via les réseaux sociaux. Une manière de connaître les attentes du public notamment autour des reprises de films. Le Kinepolis Lomme, qui organise une quarantaine d’avant-premières par an en présence des équipes des films, a aussi repris ces rencontres avec le public dès le mois de juillet. Enfin, a été organisé en juillet un deuxième Discovery Day, une séance gratuite présentant au public toutes les bandes annonces des films sortant les prochains mois. « L’expérience d’une bande annonce sur grand écran est différente de celle sur mobile et PC. Et c’est un bon moyen de garder le contact avec le public ».