« Chambouler les écritures, laisser libre cours à la puissance des imaginaires malgré la légèreté des moyens [..] Le refus profond du réel n'est pas de refuser mais de le prendre en pleine figure et d'en faire un autre objet, de lui résister », peut-on lire dans le texte d'introduction de la programmation ACID 2023, qui se tiendra du 17 au 26 mai à Cannes. Consacrée aux films indépendants, cette sélection parallèle a été pensée par 14 cinéastes (Viken Armenian, Anton Balekdjian, Theodora Barat, Patrice Chagnard, Lucas Delangle, Naruna Kaplan de Macedo, Julien Meunier, Emmanuelle Millet, Marion Naccache, Idir Serghine, Reza Serkanian, Lina Tsrimova, Laure Vermeersch et Vanina Vignal) et fait honneur à 9 films ambitieux, dont 4 premiers longs métrages.
La sélection compte notamment 4 documentaires, à l'image d'Etat limite de Nicolas Peduzzi. Cette anatomie de l'hôpital public nous plonge dans les couloirs d'une institution malade, à la rencontre d'un psychiatre désarmé face à la situation critique du système de santé français. Parmi les autres propositions de cinéma documentaire, on retrouve In the Rearview de la Polonaise Maciek Hamela, dans lequel un van destiné à l'évacuation des civils durant l'invasion russe devient un lieu de refuge transitoire, propice aux conversations intimes. Justine Harbonnier dresse, quant à elle, le portrait de Caiti Lord, une serveuse américaine qui tente de noyer l'absurdité ambiante en chantant le blues. Le dernier documentaire nous emmène dans un quartier populaire de la petite ville tunisienne de Mahdia, dans l'univers des Machtat, des musiciennes de mariage résolument fières et libres.
Du côté des fictions, le metteur en scène suisse Maxime Rappaz présentera Laissez-moi, l'histoire d'un amour impossible avec Jeanne Balibar et Thomas Sarbacher, alors que le réalisateur bissau-guinéen Sana Na N’Hada reviendra à Cannes avec Nome, 29 ans après sa dernière apparition sur la Croisette pour Xime. Il y revient sur la guerre entre l’armée coloniale portugaise aux guérilleros du Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée à travers la figure d'un jeune résistant revenu victorieux de ce conflit sanguinaire. Le Japon est aussi représenté avec le drame métaphysique Dreaming in Between de Ninomiya Ryutaro, projeté aux côtés du film franco-libanais La Mer et ses vagues de Liana & Renaud. L’animation sera également à l'honneur avec Linda veut du poulet de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach, une coproduction franco-italienne qui mêle l'odeur du poulet aux poivrons à la cacophonie des contestations populaires.