Quel souvenir gardez-vous de votre première venue au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand ?
J’y suis allée une première fois avec l’Ecole des Arts décoratifs et me souviens avoir été impressionnée par la foule ultra compacte. C’était fascinant ! Cela m’avait permis de prendre conscience qu’il y avait un vrai public pour les courts métrages, des spectateurs d’âges très divers, et donc que ce format avait une importance dans le cinéma. Qu’il ne s’agissait pas d’un format « par défaut ».
Votre « film de diplôme », Vie et mort de l’illustre Grigori Efimovitch Raspoutine, a été primé à Clermont…
Le simple fait d’être sélectionné, c’est le Graal absolu pour un jeune réalisateur ! Une forme de confirmation, qui nous dit : « A partir de maintenant, tu peux continuer, c’est ton métier, tu as le droit ». Alors quand, en plus, vous remportez un prix… Raspoutine a été primé, et Le repas dominical a également remporté deux trophées : le prix du meilleur film d’animation francophone et le Prix spécial du jury. C’était la fête totale ! J’avais été très fière de recevoir le Prix du jury, car « normalement », il ne récompense pas les films d’animation. C’était donc d’autant plus important à mes yeux, car cela signifiait que c’était du cinéma et que le genre n’avait finalement pas grande importance à partir du moment où l’on arrive à bien raconter une histoire.
Ces prix ont été un tremplin pour votre carrière ?
Oui, c’est une vitrine tellement énorme, tellement de gens se rendent à Clermont-Ferrand pour le festival que cela a un impact direct sur la carrière d’un réalisateur. Cela permet de nouvelles rencontres, d’être davantage reconnu… Le festival est, par ailleurs, un temps de rassemblement important. J’ai rencontré certains de mes plus proches amis actuels pendant cette manifestation.
Qu’est-ce qui fait la singularité de ce festival ?
Tout d’abord le fait qu’il soit piloté par une association. Politiquement, il y a une sorte de ligne que je respecte énormément et qui n’a, en surface, pas beaucoup bougé depuis la création de cette manifestation. Il y a une certaine égalité. Les films sont accessibles à tous. Les réalisateurs sont accueillis et invités par le festival. Il y a vraiment un état d’esprit très communautaire pour un festival qui pourrait aujourd’hui se targuer d’accueillir trop de monde. Un état d’esprit assez rare et précieux. Par ailleurs, ils sont sans compromis et prennent les films qu’ils aiment vraiment. Ils sélectionnent des courts qui ne trouveraient leur place nulle part ailleurs. Je n’ai jamais eu l’impression qu’il y avait du copinage.
La population semble particulièrement impliquée dans le festival…
Oui ! Je suis sûre que les gens, à Clermont-Ferrand, prennent des RTT pour aller voir les films ! C’est le signe que le pari est réussi.
copyright Paul Grandsard 2018