Le Chant du loup est sorti en salles le 20 février : sous ce joli titre se cache un sacré pari, celui de faire un véritable film d'action français, qui se déroule dans le milieu des sous-marins nucléaires. On y suit le jeune Chanteraide (François Civil), « oreille d'or » d'un sous-marin chargé d'écouter et décrypter les sons de l'océan - et ainsi de faire la différence entre le son d'une baleine et celui d'une torpille. Réunissant un casting renommé (Omar Sy, Reda Kateb et Mathieu Kassovitz ont enfilé des uniformes), Le Chant du loup est aussi un premier film, celui d'Antonin Baudry, plus connu sous le nom d'Abel Lanzac, scénariste de la bande dessinée à succès Quai d'Orsay (portée à l'écran par Bertrand Tavernier en 2012).
Sans trop gâcher l’intrigue du film, sa scène d'ouverture plante tout de suite l'ambiance. Un sous-marin attend de récupérer une équipe de nageurs de combat au large de la côte syrienne, qui vient d'accomplir une mission spéciale. Mais un hélicoptère de combat rôde, et le submersible va risquer de devoir faire surface pour l'affronter... Une séquence d'action épatante, mais surtout bâtie autour d'une tension pure, qui a représenté un véritable défi technique pour le réalisateur et son équipe.
S'il était relativement facile de filmer l'hélicoptère en extérieur, ou l'intérieur du sous-marin (reconstitué en studio), Baudry a tenu à obtenir un plan iconique de tout film de sous-marin : celui où l'engin surgit des flots à toute vitesse, dans une gerbe d'écume. Plus facile à dire qu'à faire. « Ça a été le plan le plus compliqué du film, filmer le sous-marin qui jaillit de l'océan... Complètement dingue à tourner ! Le sous-marin devait plonger à toute vitesse à 70 mètres de profondeur pour pouvoir remonter à la vitesse souhaitée, à toute allure. » Le réalisateur et son opérateur étaient embarqués dans un hélicoptère pour saisir l'image. « Le problème c'est qu'une fois que le sous-marin a plongé, il s'écoule trois minutes avant la remontée et tu ne sais pas où est l'engin. On se demandait sans cesse où il était passé. »
Baudry a pu ainsi capter ce plan iconique, et tant pis s'il est, au fond, parfaitement irréaliste. « Dans la vraie vie, les sous-marins ne remontent pas à la surface », précise le réalisateur. « Ou alors très doucement. » L'envie de faire du cinéma l'a, en fin de compte, emporté sur le réalisme ou sur la difficulté technique.