« Nous sommes dans un train qui avance dans le brouillard. C’est le sentiment que nous partageons au moment de programmer un festival géopolitique, dans un contexte de crise au carré », écrit Fabien Gaffez, directeur artistique du Forum des images, dans son édito pour la 13e édition du festival « Un état du monde ». Un billet qu'il conclut ainsi : « Il faut descendre du train. Puisque nous comprenons qu’il n’est de brouillard que celui de la bêtise et de l’asservissement. » Afin de dissiper ce brouillard envahissant, le Forum des images organise avec « Un état du monde » sept jours de rencontres et de débats autour de la géopolitique du cinéma du 11 au 17 novembre prochain. Les festivités s’ouvrent avec la projection en avant-première de Saint Omer en présence de sa réalisatrice Alice Diop. Inspiré de faits réels, ce long métrage met en scène le procès d'une mère pour infanticide à travers les yeux d'une jeune romancière présente à l'audience. Après avoir reçu le Grand Prix du Jury et Prix Luigi De Laurentiis à la Mostra de Venise 2022, Alice Diop a récemment remporté le Prix Jean Vigo pour son premier pas dans la fiction.
De nombreuses autres avant-premières sont au programme du festival, comme Joyland de Saim Sadiq, Queer Palm et Prix du jury Un certain regard à Cannes, et Alma viva de Cristèle Alves Meira, lui aussi passé par la Croisette. En solidarité avec le cinéaste iranien Jafar Panahi, emprisonné depuis juillet dernier pour « propagande contre le régime », le festival « Un état du monde » projettera son dernier film Aucun Ours le samedi 12 novembre. La séance sera précédée de la table-ronde « Solidarité avec le peuple iranien » animée par l’universitaire Asal Bagheri, spécialiste du cinéma iranien. Du côté de la création documentaire, le festival recevra le cinéaste – autoproclamé « journaliste émotionnel » – Adam Curtis. Au cours d'une rencontre animée par le critique Jacky Goldberg, le documentariste britannique reviendra sur sa filmographie et ses méthodes de travail, notamment son utilisation récurrente des images d'archives. Parmi les autres metteurs en scène à l'honneur, on note la réalisatrice chilienne Maite Alberdi et son compatriote Sebastián Lelio, ainsi que la cinéaste palestinienne Maha Haj.