Le Bon Plaisir de Francis Girod (1984)
Trois ans après l’élection de François Mitterrand, Francis Girod adapte au cinéma Le Bon Plaisir, écrit l’année précédente par Françoise Giroud. Un roman à clefs qui sent le soufre, car même si la romancière s’en est toujours défendue (elle affirme que cette histoire lui a été inspirée par un ministre du gouvernement Mauroy), l’histoire de ce président de la République (Jean-Louis Trintignant) cherchant à dissimuler l’enfant adultérin qu’il a eu avec son ex-maîtresse (Catherine Deneuve) fait écho à la rumeur qui bruissait alors de l’existence de Mazarine Pingeot, la fille cachée de François Mitterand. À noter que Régis Wargnier était l’assistant-réalisateur de Girod sur ce film dont Georges Delerue signa la musique et qui rencontra un joli succès public avec plus de 1,2 million d’entrées.
États d’âme de Jacques Fansten (1986)
Deux mois après l’arrivée de Jacques Chirac à Matignon et le début de la première cohabitation, Jacques Fansten raconte les cinq ans qui viennent de s’écouler du côté de la gauche, des espoirs de l’élection de François Mitterrand à la déception causée par son tournant rigoriste. Et ce à travers l’histoire d’une bande de copains qui se sont rencontrés le 10 mai 1981 à la Bastille, campés par cinq comédiens en train de prendre leur envol dans le cinéma français : Tchéky Karyo, François Cluzet, Jean-Pierre Bacri, Xavier Deluc et Robin Renucci. Fansten a comme modèle La Belle Équipe de Julien Duvivier, chronique en 1936 du Front populaire alors au pouvoir. Il raconte avec finesse le désenchantement d’une génération qui se demande si la vie n’était finalement pas plus paisible dans l’opposition.
François Mitterrand ou le roman du pouvoir de Patrick Rotman (2000)
Cinq ans ont passé depuis la fin du deuxième quinquennat de François Mitterrand, disparu le 8 janvier 1996, quand Patrick Rotman se lance, avec le concours de l’écrivain Jean Lacouture (fervent partisan de Mitterrand et biographe du général de Gaulle), dans ce documentaire en quatre volets d’une heure que diffuse France 3. L’ambition est de raconter le destin hors du commun de l’ancien chef d’État avec objectivité, à travers un portrait ni à charge ni hagiographique, qui raconte les parts d’ombre comme les grands succès. Peu ou pas de révélations fracassantes mais énormément d’archives inédites et de confidences de témoins qui lui furent proches, comme son Premier Ministre, Pierre Mauroy, expliquant avoir été au courant de ses problèmes de santé dès l’accession de la gauche au pouvoir. Ce documentaire qui réinscrit Mitterrand dans l’histoire fera dans la foulée l’objet d’un livre cosigné par Rotman et Lacouture, publié au Seuil.
Tontaine et Tonton de Tonie Marshall (2000)
Un an après la pluie de César venus récompenser Vénus Beauté (Institut), Tonie Marshall passe du grand au petit écran avec ce téléfilm réalisé pour Arte, dans sa collection Gauche/Droite. Emmanuelle Devos en tient le rôle central : celui d’une pulpeuse jeune femme, admiratrice inconditionnelle de François Mitterrand et qui prépare un mémoire sur lui, dont deux hommes vont se disputer les faveurs. Peuplé d’images d’archives (le débat de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, différents discours officiels...), Tontaine et Tonton est une comédie irrévérencieuse à travers laquelle sa réalisatrice expliquait alors vouloir régler son compte à la « mitterrandôlatrie ». Elle qui avait voté Mitterand en 1974 et 1981 avant de s’en détourner en 1988. Le coup de gueule satirique d’une déçue du 10 mai 1981, qui prend un malin plaisir à se moquer par exemple de la prose du président de la République qu’elle met dans la bouche de son héroïne pour dénoncer son côté ampoulé et conservateur.
Le Promeneur du Champ-de-Mars de Robert Guédiguian (2005)
Homme de gauche engagé, Robert Guédiguian abandonne un temps sa bande habituelle (Ariane Ascaride, Gérard Meylan...) pour cette adaptation cosignée par Gilles Taurand du Dernier Mitterrand de Georges-Marc Benamou (qui avait, à sa publication, provoqué l’agacement de nombreux proches de Mitterrand pointant des inexactitudes), grand intime du Président avec qui il rédigea Mémoires interrompus. On y suit l’amitié qui se noue entre un Mitterrand en fin de deuxième mandat et un jeune journaliste (inspiré par Benamou lui-même), ainsi que leurs échanges sur la politique et l’histoire. Fil rouge de leurs discussions, une question : qu’est-ce que le socialisme ? Et le sentiment omniprésent de la mort qui plane et se rapproche. Nommé sans succès au César de l’adaptation, Le Promeneur du Champ-de-Mars fut sacré ce soir-là dans la catégorie meilleur acteur grâce à Michel Bouquet qui interprète Mitterrand (même si son nom n’est jamais cité dans le film) face à Jalil Lespert dans le rôle du journaliste.
Changer la vie de Serge Moati (2011)
Compagnon de route de longue date de François Mitterrand, Serge Moati fête les 40 ans du 10 mai 1981 avec ce docu-fiction diffusé par France 2 dont le titre fait référence à celui du programme socialiste adopté en 1972 (emprunté lui-même à un poème d’Arthur Rimbaud). Le film est centré sur une période bien précise du parcours de l’ancien président : les deux premières années de son premier mandat, de mai 1981 au fameux tournant de la rigueur, décidé en 1983. Moati raconte donc en pédagogue – et témoin privilégié qu’il fut – l’affrontement de deux clans : celui de Jacques Delors et Michel Rocard qui batailla pour passer au plus vite à la ligne dure du réalisme économique, et celui de Laurent Fabius et Pierre Bérégovoy, partisans de ne pas s’éloigner des 110 propositions qui conduisirent à la victoire. Éric Caravaca interprète Moati et Philippe Maignan joue François Mitterrand dans la reconstitution de ce moment politique décisif pour la France de la fin du XXe siècle.
Les Saveurs du palais de Christian Vincent (2012)
Christian Vincent s’inspire de la vie de Danièle Mazet-Delpeuch qui fut la première cheffe chargée de cuisiner pour François Mitterrand à l’Élysée. Avec Étienne Comar, le scénariste de Des hommes et des dieux, le réalisateur prend de nombreuses libertés sur les faits et signe une comédie sur les coulisses du pouvoir et une ode à un certain art de vivre à la française. Claude Rich était le premier comédien pressenti pour incarner le Président à l’écran, face à Catherine Frot. Mais, suite à son désistement, c’est finalement un débutant de 87 ans qui tient ce rôle : Jean d’Ormesson, qui fut un farouche opposant de François Mitterrand tout au long de sa carrière politique et soutien officiel cette année-là de la candidature de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle face à François Hollande. Une expérience qui restera sans lendemain mais dont il exprima à l’époque tout le plaisir espiègle qu’elle lui avait procuré.