Chaque année, le festival organisé par le Forum des images a pour ambition d’examiner l’état du monde à travers le regard de celles et ceux attentifs à ses déséquilibres. L’invitée d’honneur de cette 14ème édition organisée du 25 au 31 janvier est la documentariste engagée Laura Poitras, figure du journalisme d’investigation et lauréate du Lion d'Or 2022 pour Toute la beauté et le sang versé. En plus d’une masterclass, elle viendra présenter sa trilogie post 11-septembre My Country, My country, The Oath et Citizenfour. Pour sa carte blanche, la cinéaste proposera trois films en avant-premières : deux fictions sur l’horreur des camps, La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer en soirée d’ouverture et Green Border de Agnieszka Holland, ainsi que Queendom d’Agniia Galdanova, documentaire sur la lutte de l’artiste Gena Marvin issue de la communauté LGBTQIA+ et persécutée en Russie.
L’écrivain Camille de Toledo viendra de son côté interroger la façon dont les corps sont marqueurs des traumatismes de l’Histoire avec sa carte blanche « Blessures du corps, blessures du monde ». C’est dans ce cadre qu’il présentera Né un Quatre juillet d’Oliver Stone, Still Walking de Kore eda, et Poétique du cerveau en présence de sa réalisatrice Nurith Aviv. Il participera également à deux rencontres : l’une autour des thèmes qui nourrissent son œuvre ; l’autre croisant son regard avec celui de la philosophe Claire Marin et de l’historien Hervé Mazurel sur le thème « Nos fragilités, nos tremblements ».
La réalisatrice camerounaise Rosine Mbakam fera l’objet d’une rétrospective, avec la projection de ses portraits de femme : Les Prières de Delphine, Prisme, Chez Jolie Coiffure, Les Deux Visages d’une femme bamiléké. Son premier long métrage de fiction Mambar Pierrette sera également présenté en avant-première.
La géographe Nepthys Zwer, autrice de La Cartographie radicale : Exploration, décryptera la cartographie critique lors de la conférence « Histoire des cartes et de leurs usages politiques », d’un atelier collectif de réalisation de contre-cartes, ou encore d’une exposition « Ceci n’est pas un Atlas ! ». Pour sa carte blanche, elle a choisi trois films sur cette thématique : Elisée Reclus, la passion du monde en présence de son réalisateur Nicolas Eprendre, Le Pays où rêvent les fourmis vertes de Werner Herzog et Bob Ellis et Si le vent tombe de Nora Martirosyan.
Quatre films seront présentés par l’anthropologue Chowra Makaremi : Between Revolutions de Vlad Petri, J’essaie de ne pas oublier de Pegah Ahangarani, son propre film Hitch qui raconte le destin de sa mère opposante au régime islamique, et Radiographie d’une famille de Firouzeh Khosrovani. Auteure de l’essai Femme ! Vie ! Liberté ! Échos d’un soulèvement révolutionnaire en Iran, Chowra Makaremi analysera avec la chercheuse du CNRS Leyla Dakhli et la cinéaste Hind Meddeb les soulèvements révolutionnaires.
Un hommage au cinéma indépendant bélarus, une table ronde sur le conflit israélo-palestinien et un débat revenant sur le coup d’état en Birmanie complèteront la programmation. Le prochain film de Bertrand Bonello, La Bête, clôturera le festival en présence du cinéaste.