Élisabeth Greffulhe (1860-1952), née de Caraman-Chimay, fut l’une des inspiratrices du personnage de Madame de Guermantes dans l’oeuvre monumentale de Marcel Proust. Très bonne pianiste (sa mère Marie de Montesquiou fut élève de Franz Liszt), peintre, élève de Nadar, elle fut une animatrice de la vie culturelle de la fin du XIXe siècle et de la Belle Époque. C’est d’ailleurs grâce à la Société des grandes auditions musicales, qu’elle fonde et anime, que fut organisée la première représentation de Tristan et Isolde de Richard Wagner en 1899. Gabriel Fauré et les Ballets russes de Diaghilev reçurent aussi son soutien.
Passionnée également par la science, elle s’intéresse aux travaux de Pierre et Marie Curie et d’Édouard Branly. Elle assiste ainsi à la présentation des films de Jean Comandon à l’Académie des sciences en octobre 1909 et s’ouvre de son admiration à l’un de ses correspondants, Albert de Monaco, lui conseillant de s’intéresser aux travaux cinématographiques du jeune docteur.
Est-ce elle qui commanda à un opérateur de suivre les chasses organisées par son époux, le comte Henry de Greffulhe (que l’on reconnaît sous les traits de Monsieur de Guermantes) dans sa propriété de Bois-Boudran ? Ces événements rassemblaient chaque année à l’automne les membres éminents des cours européennes, comme Alphonse XIII d’Espagne ou encore le Grand duc Vladimir…
Une quarantaine de films sont ainsi tournés évoquant l’un des passe-temps favoris de cette société aristocratique qui vivait ses derniers feux. Dans cet ensemble, quelques bandes dévoilent aussi des aspects plus intimes d’Élisabeth Greffulhe et de sa famille. La terrasse ouvrant sur le jardin intérieur de l’hôtel particulier du 8-10 rue d’Astorg est le décor choisi par l’opérateur pour la mettre en scène ainsi que sa soeur et sa nièce.
Le mariage d’Hélène Greffulhe, dite Élaine, avec Armand de Gramont, duc de Guiche est la bande la plus connue de ce corpus puisque d’aucuns ont cru y reconnaître sur les marches de l’église de la Madeleine, en ce 14 novembre 1904, Marcel Proust, lui-même.
Le dernier film de cet ensemble est tourné sur la terrasse de l’hôtel de sa fille Élaine de Gramont pendant la Première Guerre mondiale. La caméra nous permet d’assister à un moment émouvant de retrouvailles familliales où différentes générations se retrouvent partageant la joie du retour d’un permissionnaire.
Henri de Gramont, fils d’Élaine et d’Armand de Gramont, donna au CNC en 1976 l’ensemble de cette collection, témoignage exceptionnel sur une partie de la société française au tournant du XXe siècle
Film de famille Greffulhe : La comtesse Greffulhe et Mademoiselle
France. Noir et blanc. Muet. Court.
Réalisation : Inconnu
Résumé : Sur le balcon de son hôtel particulier rue d’Astorg, la comtesse Greffulhe consulte des revues. Elle est rejointe par sa fille Élaine qui fait de même, puis elles apprécient l’arôme d’une fleur avant de poser pour la caméra.
Film de famille Greffulhe : Madame et Mademoiselle de Tinan, rue d’Astorg
France. Noir et blanc. Muet. Court.
Réalisation : Inconnu
Résumé : Rue d’Astorg, sur une des terrasses de l’hôtel particulier de la famille Greffulhe, Mademoiselle de Tinan consulte un livre. Elle est rejointe par sa mère, Madame de Tinan, sœur d’Élisabeth Greffulhe.
Film de famille Greffulhe : mariage d’Armand de Guiche et Élaine Greffulhe
France. 1904. Noir et blanc. Muet. Court.
Réalisation : Inconnu
Société de production :
Résumé : Le 14 novembre 1904, Élaine Greffulhe épouse le duc Armand de Guiche. Devant la foule et les photographes, une grande partie du cortège nuptial descend les marches de l’église de la Madeleine. Le couple des mariés est notamment suivi du comte Greffulhe et de la duchesse de Gramont puis du duc de Gramont et de la comtesse Greffulhe.
Film de famille Greffulhe : La Comtesse Greffulhe en robe du soir
France. Noir et blanc. Muet. Court.
Réalisation : Inconnu
Résumé : Des fleurs à la main, la Comtesse Greffulhe arrive sur le balcon de son hôtel particulier rue d’Astorg. Après avoir apprécié l’arôme du bouquet qu’elle dépose sur la rambarde, elle saisit un livre, fait valoir sa robe puis adresse un sourire à une personne située hors champ.
Film de famille Gramont : terrasse de l’avenue Henri-Martin
France. Noir et blanc. Muet. Court.
Réalisation : Inconnu
Résumé : À Paris, le 17 juin 1917, avenue Henri-Martin, sur la terrasse du dernier étage de l’hôtel particulier de la famille Gramont, avec en arrière-plan l’ancien Trocadéro, José-Maria Soto invite Élaine Greffulhe à danser. Ils effectuent un pasodoble d’abord sous l’oeil amusé de six enfants, de la Duchesse de Guiche et de gouvernantes, puis seuls.
Sur la même terrasse, les enfants entourent ensuite un militaire revenu de la guerre médaillé puis, rejoints par la Duchesse de Guiche, forment un tableau de groupe pour la caméra.