Tout comme les frères Lumière, Georges Méliès ou encore Louis Feuillade, Alice Guy est une personnalité indissociable de la démocratisation du cinéma. À la fois productrice de fictions, réalisatrice prolifique - elle totalise plus de 500 films à son actif - Alice Guy-Blaché a pourtant longtemps été effacée de l'histoire du septième Art. Une des raisons de cet oubli : ses œuvres ont en partie été détruites, perdues et plus d'une centaine de films auraient été faussement attribués à des hommes de son entourage. Afin de corriger cette injustice, les cinéastes Valérie Urrea et Nathalie Masduraud ont mis sur pied le documentaire Alice Guy - L'inconnue du 7e art. Conté à la première personne grâce aux voix d'Agnès Jaoui et Maud Wyler, ce moyen métrage utilise de précieuses images d'archives pour illustrer la vie rocambolesque, mais aussi les aspirations et les sentiments de la première femme derrière la caméra.
Les interviews de la principale intéressée sont juxtaposées à des images d'époque pour évoquer son éducation stricte dans un pensionnat religieux et ses débuts chez Gaumont. Elle y travaille d'abord comme secrétaire et réalise des courts métrages avec les cinématographes de la société sur son temps libre. Rapidement nommée directrice de production, elle dirige de nombreux courts et moyens métrages, avant de s'envoler vers New York. Elle y fondera sa propre maison de production avec son mari Herbert Blaché. En plus d'être une femme d'affaires visionnaire, Alice Guy est une pionnière des différents genres et formes cinématographiques - elle réalise notamment le premier péplum de l'Histoire, La Vie du Christ (1906), met en scène le plaisir féminin d'une manière inédite pour l'époque et supervise le premier film à la distribution exclusivement afro-américaine. Afin d'illustrer cette approche visionnaire, le duo de cinéastes a fait appel à la dessinatrice Catel Muller, co-signataire avec José-Louis Bocquet du roman graphique Alice Guy, paru le 22 septembre dernier.