Hier La Roue, demain, Napoléon. Le cinéma d’Abel Gance, chantre d’une démesure stylistique, retrouve peu à peu sa splendeur originelle. L’année dernière la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé présentait ainsi une recomposition intégrale de La Roue, mélodrame ferroviaire de 1923, dont le montage initial de plus de sept heures avait disparu. C’est au tour de la fresque Napoléon de renaître, elle aussi dans une version qui s’approche de celle découverte par les premiers spectateurs du film, à l’Apollo, en 1927. La Cinémathèque française, à l’initiative de cette restauration, a pu compter sur le soutien du CNC, de la Fondation Napoléon mais également de Netflix, qui devient mécène de la célèbre institution cinéphile créée par Henri Langlois.
Retable cinématographique
Le Napoléon, présenté le 7 avril 1927 à l’Opéra de Paris, avait déjà subi de nombreuses coupes de la part de son réalisateur pour s’adapter à cet évènement prestigieux et mondain. La version de neuf heures dans laquelle Abel Gance avait redoublé d’audace (faisant faire notamment des mouvements inédits à la caméra) devait être initialement projetée, pour certaines séquences, sur trois écrans différents, donnant l’effet d’un retable cinématographique. Conséquence : sa durée et ces innovations ont toujours rendu son exploitation en salles difficile voire impossible. De fait, sa renaissance aujourd’hui est un évènement d’ampleur mondiale.
Passion commune
Le directeur général de la Cinémathèque française, Frédéric Bonnaud, s’est réjoui de cette collaboration inédite avec Netflix. Il en a profité pour annoncer que cette association avec la célèbre plateforme de streaming marque le début « d’un partenariat fructueux. » En effet, outre cette reconstruction du Napoléon prévue pour la fin de cette année, la Cinémathèque organisera avec Netflix des projections, des conférences et des masterclass. Une façon pour Christopher Mack, le directeur en charge des partenariats avec les écoles et la communauté créative chez Netflix, d’affirmer une « passion commune pour les films et les cinéastes. »
Quant à Dominique Boutonnat, le président du CNC, il salue « ce type de partenariat public-privé » visant à « redonner vie à ce chef d’œuvre du cinéma ».