Par quel bout prendre la filmographie protéiforme de Franco Zeffirelli, décédé le 15 juin dernier ? Par la musique probablement. La Traviata (1983), Toscanini (1988) ou encore Callas Forever (2002), son dernier long métrage avec Fanny Ardant dans le rôle de la célèbre cantatrice, témoignent de sa passion pour la grande musique. Et l’opéra particulièrement. Avant de devenir cinéaste, l’Italien né en 1923 en Toscane, va en effet mettre en scène à partir des années 50 des opéras pour La Scala de Milan et le Metropolitan Opera de New York. C’est à ce moment-là qu’il rencontre Maria Callas et la dirige dans La Traviata ou Tosca. Cette rencontre décisive va façonner sa vie. On peut ainsi regarder son dernier film, Callas Forever, comme l’adieu d’un artiste à un monde dans lequel il ne se reconnaît plus tout à fait. Dans ce film qui se déroule à la fin des années 70, un vulgaire producteur propose à la cantatrice d’incarner Carmen pour le grand écran, mais doublée avec la voix de ses plus belles années. Ce procédé contre-nature traduisait tout à la fois la fin d’une époque bénie, le début d’une autre incertaine et la disparition prochaine de Maria Callas.
Visconti, Shakespeare et Jésus
Le grand cinéaste Luchino Visconti est l’autre pilier de la vie et la carrière de Zeffirelli, au moins dans les premières années de sa vie professionnelle. Assistant du réalisateur de Senso, il lui faudra s’émanciper de ce mentor pour réaliser ses propres films. Il débute réellement sa carrière avec un documentaire sur les inondations de Florence en 1966 porté par la voix de Richard Burton, avant de signer des adaptations pour le cinéma - et le théâtre également - de Shakespeare dont le Roméo et Juliette de 1968 qui choqua pour ses scènes de nu. Après le succès mondial de son biopic sur Jésus (Jésus de Nazareth) sous la forme d’une mini-série, Zeffirelli cède aux sirènes hollywoodiennes et signe coup sur coup deux mélodrames américains dont un remake du Champion (1979) de King Vidor.
Les visages de la beauté
Dans son imposante filmographie on peut également citer son adaptation de Jane Eyre de Charlotte Brontë en 1996 avec Charlotte Gainsbourg dans le rôle-titre. Franco Zeffirelli se voulait plus qu’un cinéaste, un esthète, qui aura toute sa vie essayé de célébrer, avec excès et flamboyance, tous les visages de la beauté.