Même s'ils content les maux de deux pays différents - la France, pour le premier, et le Royaume-Uni, pour le second - Denis Gheerbrant et Marc Isaacs ont construit des œuvres complémentaires, fondées sur la recherche de vérité. Deux visions convergentes qui dressent un portrait sans artifices de nos sociétés contemporaines. Le Centre George Pompidou juxtapose les filmographies de ces documentaristes influents dans une double rétrospective, programmée jusqu'au 6 mars prochain. On pourra ainsi découvrir des films rares, comme le premier long métrage de Denis Gheerbrant, Un printemps de square (1981). Spécialement remonté pour l'occasion par Gheerbrant lui-même, ce film sonde la jeunesse du XVe arrondissement parisien avant l'examen du Baccalauréat. Les classiques du cinéaste seront aussi projetés, comme Amour rue de Lappe (1984) - qui capture l'ambiance dans les bistrots d'une des dernières rues du Paris populaire - et son voyage cinématographique sur les routes d'une France délaissée, Et la vie (1991). La rétrospective se terminera avec la diffusion de son dernier film sur l'histoire et les mythes des populations du Caucase, Avant que le ciel n'apparaisse (2021).
Du côté de son homologue britannique, les cinéphiles pourront découvrir une juxtaposition de courts métrages, dont Lift (2001), Outsiders (2014) ou encore Touched by Murder (2016). Premier effort de Mark Isaacs en tant que réalisateur, Lift voit le jeune documentariste investir un ascenseur pendant deux mois et engager des discussions impromptues avec ses compagnons de voyage. Son œuvre nous plonge également dans le côté sombre du monde de la finance (Men of the City, 2009) et capture les émotions des prévenus et de leurs proches sur les marches d'un tribunal londonien (Outside the Court, 2011). Le dernier film de Mark Isaacs, The Filmmaker's House (2019), mise en abyme astucieuse et fauchée de son travail de documentariste, sera projeté en sa présence le 30 janvier.