« Stranger », un court métrage entre fiction et clip musical

Comment est né Stranger ?

Jehnny Beth, la chanteuse et coréalisatrice, travaillait sur un album du même nom qui devait sortir en septembre 2022. Également actrice, elle avait très envie d’incorporer la fiction dans son projet musical. Je la connaissais bien puisqu’on avait déjà collaboré auparavant. Elle est donc venue me voir avec cette idée de format hybride dont elle avait coécrit le scénario avec Agathe Rousselle (révélée dans Titane de Julia Ducourneau) et Alexandra Dezzi (romancière et musicienne).

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?

J’ai été convaincu par la rencontre entre les univers des trois autrices. À la fois poétique et onirique et en même temps assez punk. L’ensemble était très cohérent. L’histoire de cette jeune femme amorphe, et de sa rencontre avec une inconnue qui tente de lui redonner goût à la vie était percutante. L’album de Jehnny Beth me plaisait également beaucoup. Pourtant, il n’était pas question de créer l’image au service de la musique. Jehnny Beth voulait faire de Stranger un objet musical et un objet cinématographique à part entière.

Comment répondre à cette double vision en tant que producteur ?

Nous avons réuni une équipe expérimentée en vidéoclip et en fiction. Jehnny Beth joue l’un des rôles principaux du film ce qui représente beaucoup de travail et d’engagement. Nous avons cherché une coréalisatrice pour l’accompagner et ne pas laisser reposer tout le poids de l’image sur les épaules du chef opérateur. Elle a rencontré Iris Chassaigne avec qui ça a tout de suite fonctionné. Elle a apporté un regard très cinématographique au projet.

Jehnny Beth et Agathe Rousselle Walter Films

Comment s’est déroulée la recherche de financements ?

L’aspect mixte et inclassable de l’œuvre aurait pu être un obstacle puisqu’on présentait un scénario de fiction rythmé par trois morceaux de musique. Ce n’était pas gagné. Je souhaitais initialement demander les financements réservés aux œuvres de fiction, mais Jehnny Beth voulait réaliser le film le plus rapidement possible. L’urgence nous a amenés à déposer des demandes de soutien pour le clip vidéo. Les commissions statuent plus rapidement sur ce genre de productions, et cela restait cohérent avec le projet. Nous avons donc obtenu l’aide à la Vidéomusique du CNC.

Que représente pour vous cette sélection à la Semaine de la Critique ?

C’est une grande nouvelle pour toute l’équipe. Jusqu’ici, Walter Films produisait plutôt des clips musicaux et publicitaires. Or nous souhaitons nous orienter désormais davantage vers la fiction. Cette sélection nous offre un beau coup de projecteur. Elle nous donne de l’impulsion pour poursuivre vers la production de longs métrages de fiction. Nous avons également la volonté que Stranger soit visible à l’international. Nous allons tout mettre en œuvre pour qu’il soit diffusé au mieux.