Thomas Gastaldi : "Le Club Shellac est un espace d’échanges, de partages et de synergies !"

Thomas Gastaldi : "Le Club Shellac est un espace d’échanges, de partages et de synergies !"

04 février 2021
Cinéma
Les Mille et une Nuits de Miguel Gomes
"Les Mille et une Nuits" de Miguel Gomes ARTE France Cinéma-Arte/ZDF- RTP - RTS-RG SSR - Agat Films & Cie - O Som e a Furia - Shellac Sud - Komplizen Film - Box Productions

Depuis le début de l’année, le distributeur et producteur indépendant Shellac s’est doté d’une plateforme afin de faire vivre son catalogue et faire découvrir de nouveaux talents. Rencontre avec son programmateur.


Quel a été votre parcours jusqu’ici ?

J’ai d’abord travaillé pendant vingt ans dans la communication de spectacle vivant, comme la danse, l’opéra ou le théâtre. Parallèlement, j’ai créé un site internet, wask.fr, dédié au cinéma et particulièrement au Festival de Cannes où je me rendais chaque année pour assouvir et affirmer ma cinéphilie. En 2019, quand j’ai rencontré Thomas Ordonneau [le directeur général de Shellac, NDLR], il s’apprêtait à distribuer Martin Eden de Petro Marcello et m’a demandé de m’occuper de la sortie du film. Cette aventure a été assez magique. Elle se poursuit aujourd’hui avec le Club Shellac.

Quand est né le Club Shellac ?

Shellac proposait déjà sur son site des films en location à l’unité, et Thomas cherchait une façon d’éditorialiser cette offre, de la faire vivre. Ce n’est que l’année dernière, au moment du premier confinement, que nous avons commencé à réfléchir à la façon dont les choses pourraient se faire. Quel « plus » pourrions-nous apporter ? Comment se démarquer des nouveaux entrants et des mastodontes disposant d’un énorme catalogue ?

Quel pouvait être ce « plus » justement ?

Il est lié à l’identité même de Shellac et à sa pluralité.

Nous avons une position transversale dans l’industrie, Shellac étant à la fois producteur, distributeur, éditeur et même exploitant puisque nous nous occupons de la programmation de deux salles à Marseille. D’où cette idée d’un ciné-club qui deviendrait un espace d’échanges, de partages et de synergies.

Cette idée d’une plateforme ne doit pas être vue comme une façon de remplacer l’expérience de la salle – ce qui est contraire à notre esprit –, mais bien une manière nouvelle de créer des liens. Lorsque nous avons concrètement défini les contours du Club, nous étions alors dans la préparation de la rentrée de septembre et de la sortie en salles de nos nouveautés. Le Club pouvait être envisagé comme une fenêtre pour lancer un film en salle ou en vidéo, via une master class, des interviews, une projection exceptionnelle…

Shellac dispose également d’un catalogue cohérent…

Ce sont évidemment ces films-là que nous voulons « faire vivre ». Ils constituent notre ADN. Shellac accompagne depuis toujours un cinéma indépendant international. Nous restons très fidèles à certains auteurs. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons débuté le Club avec Les Mille et une nuits de Miguel Gomez et les deux premiers longs métrages d’Emmanuel Mouret. Shellac, c’est un état d’esprit et une synergie de groupe. Nous sommes moins de dix personnes, mais guidées par une envie de défendre le cinéma que nous aimons. C’est cette énergie que nous défendons avec ce Club que nous gérons à 100 % en interne.

Outre les films « historiques » de votre catalogue, y aura-t-il de la place pour la nouveauté ?

Nous cherchons en effet à programmer des films inédits, acquis spécialement pour le Club. Des films qui, par la fragilité de leur statut ou la particularité de leur format, auraient du mal à trouver une place en salles. Via le Club, ils bénéficieront d’une exposition adaptée. Nous allons bientôt proposer L’Île aux oiseaux de Maya Kosa et Sergio Da Costa, film suisse découvert à Locarno en 2019. Il va disposer d’une rampe de lancement digne d’une sortie en salles. Les deux réalisateurs seront disponibles pour des interviews avec la presse. On s’engage donc sur le long terme à un gros travail d’acquisition. Le souhait est que le Club devienne un label qualité qui incite des auteurs à y présenter leurs films.

Quelle est la fréquence de la programmation ?

L’offre comprend douze films par mois. Toutes les semaines, trois films différents sont proposés.

Les programmes en question auront-ils une identité spécifique ?

Bien sûr. Nous pouvons ainsi nous focaliser sur une personnalité en particulier et concevoir un portrait d’elle à travers des films. Ainsi, le Club va bientôt proposer un focus autour de l’éducateur et animateur socioculturel Fernand Deligny. Nous envisageons également des programmations autour de territoires précis, le premier sera consacré à la ville de Marseille. Il y aura aussi des collaborations régulières avec le FIDMarseille et la salle de cinéma La Baleine.  

Beaucoup de plateformes indépendantes ont vu le jour ces derniers mois, n’avez-vous pas peur de la concurrence ?

Au contraire, c’est très stimulant. Il y a de place pour tous. Chacun revendique une identité, une envie, un savoir-faire… Cela prouve la vitalité de la cinéphilie. C’est formidable !