Voyage sur les traces de Tintin
Il y a 40 ans, le monde de la BD perdait l’un de ses illustres ambassadeurs : le dessinateur Hergé. Le CNC a puisé dans ses collections pour ébaucher un portrait du monde – et celui d’une époque – traversés par le reporter du Petit Vingtième. De quoi éclairer d’un nouveau jour les aventures du globetrotteur et de ses compagnons de route.
Innovations technologiques qui permettent de parcourir la planète – et même de la quitter pour l’espace –, explorateurs et aventurières, préjugés et événements de l’Histoire évoqués dans les albums d’Hergé sont mis en perspective grâce à des films d’actualités, des documentaires, des reportages ou encore des courts métrages de fiction. Une manière de recontextualiser une époque tout en revisitant les péripéties et découvertes du jeune Tintin.
Dans la jungle amazonienne
Derrière la figure de Ridgewell, Hergé a très certainement voulu évoquer le célèbre explorateur anglais Percival dit « Percy » Harrison Fawcett, disparu dans la jungle amazonienne en 1925 alors qu’il était à la recherche du célèbre El Dorado. Un ingénieur- explorateur français, Roger de Courteville affirme avoir croisé Fawcett en 1927 sur une route du Minas Gerais au Brésil alors qu’il faisait la rencontre d’un peuple Indiens. Tintin incarne-t-il ce rôle ? Si l’explorateur français fréquentait le peuple pacifique des Boros, Tintin fait quant à lui la rencontre des Jivaros, un peuple réducteur de têtes. Dix ans après le reportage de Roger de Courteville sur sa traversée du continent Sud-Américain, Fred Matter et l’équipe de Bertrand Flornoy croisent le peuple des Jivaros dont ils enregistrent les rites très codifiés. Hergé s’appuie-il sur ces images pour documenter ce choc des cultures dans L’oreille cassée ?
« Haut Amazone » (1939), de Fred Matter (extrait)
L'equipe de l'ethnologue Bertrand Flornoy arrive auprès d'une tribu d'Indiens Jivaros. Les explorateurs sont tolérés, et peuvent observer leurs modes vestimentaires et culinaires, leurs constructions, ou encore leurs pratiques de chasse et de pêche. Mais les savants s’intéressent particulièrement aux rites magiques de protection que pratiquent les Jivaros avant les expéditions guerrières. Ils accomplissent ces rituels avec la tête de leurs ennemis qu’ils exposent dans la hutte des guerriers en guise de trophées.