Avec Pierre Granier - Deferre s'éteint une grande figure du 7ème art classique français qui a fait ses débuts au cinéma comme assistant de Marcel Carné et Jean - Paul Le Chanois aux côtés desquels il apprend - selon ses propres mots - « exigence et éthique » mais surtout « ce qu'il ne faut pas faire ».
Scénariste, dialoguiste et réalisateur, Pierre Granier - Deferre a su s'entourer des plus grands acteurs des années 60 et 70 comme Simone Signoret, Jean Gabin, Lino Ventura, Alain Delon, Romy Schneider, Philippe Noiret…Autant de « stars » derrière lesquelles Pierre Granier - Deferre, homme discret et pudique, disait aimer se cacher…
Ce « cinéaste de chambre », qui préférait l'intime à l'action, savait peindre avec justesse et acuité « la folie ordinaire des hommes », les drames de la vie quotidienne, l'intériorité du couple avec ses médiocrités et ses ivresses. C'est notamment dans les romans d'Alphonse Boudard, de René Fallet, de Pierre Drieu La Rochelle, de Jean - Marc Roberts qu'il trouve la matière pour exprimer au cinéma la complexité psychologique des êtres humains et leur profonde ambivalence. « Une étrange affaire » tiré du roman de Jean - Marc Roberts lui vaut le prix Louis Delluc en 1983.
Fervent admirateur de Georges Simenon, il a été l'un de ses plus fidèles transcripteurs au cinéma – « La veuve Couderc », « le Chat » ou « l'Etoile du Nord » - mais aussi à la télévision avec des épisodes de la série « Maigret ».
Aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à un homme dont la sensibilité aux choses de la vie a contribué à faire exister des œuvres simples et authentiques, qui, faisant écho en chacun de nous, sont inscrites dans la mémoire collective. Je tiens à présenter à sa famille, à ses enfants, notamment à son fils Denys, à ses proches, mes plus sincères condoléances.
Véronique Cayla.
