Bande à part de Jean-Luc Godard (1964)
Un an après Le Mépris, Jean-Luc Godard dépeint les mésaventures de deux délinquants à la petite semaine qui entraînent une jeune fille naïve dans un de leurs coups minables. Le tout sur une bande originale co-signée par Michel Legrand et Jean Ferrat. Anna Karina, Sami Frey et Claude Brasseur forment ce trio majeur et se retrouvent au cœur de la scène culte de ce film : la traversée en courant de la grande galerie du Louvre. Un moment entré dans l’histoire du cinéma et pourtant totalement improvisé. Elle ne figure pas dans le scénario de Godard (qui ne faisait que 30 pages au moment du premier tour de manivelle) et s’est du coup tournée… sans la moindre autorisation des autorités du Musée !
Belphégor ou le fantôme du Louvre de Claude Barma (1965)
C’est l’un des feuilletons les plus suivis de l’histoire de l’ORTF. La France des années 60 se régale à frissonner devant les aventures du fantôme du Louvre qui terrorise Paris. A cauchemarder même, au point que des enseignants s’élèvent contre ce programme qui traumatise leurs élèves. Tout un pays n’a qu’une question sur les lèvres au fil des 4 épisodes : qui se cache derrière Belphégor ? Mais si le Louvre est donc au cœur de son intrigue, Claude Barma n’y a que très peu tourné. Ses salles ont été reproduites dans les studios de Saint-Maurice par peur que les projecteurs n’abîment les œuvres exposées.
La Ville Louvre de Nicolas Philibert (1990)
C’est une première. Jamais un musée de cette importance n’avait ouvert ses portes à une caméra pour qu’un cinéaste en raconte les coulisses. Que se passe-t-il au Louvre une fois fermé au public ? C’est à cette question que répond ce documentaire. D’abord invité pour une seule journée de tournage pour capter ce moment où - après les travaux du Grand Louvre et la construction de la fameuse Pyramide - toute la logique de l’accrochage est repensée, Philibert revient aussi le lendemain et le surlendemain. Une semaine entière, puis deux puis trois. Discrètement sans que personne ne s’interpose. Et fort de ses premières images, il va alors démarcher des producteurs et demander une nouvelle autorisation de tournage. Il restera cinq mois dans ce musée pour livrer ce véritable document.
Innocents- The Dreamers de Bernardo Bertolucci (2003)
Ce très sensuel (Jake Gyllenhaal a décliné la proposition à cause des scènes de sexe explicites décrites dans le scénario) récit d’initiation amoureuse sur fond de mai 68 est aussi pour le réalisateur du Dernier Tango à Paris l’occasion de nombreux clins d’œil au cinéma qu’il admire. Scarface, Le danseur du dessus ou encore Freaks, côté américain. Et deux Godard côté français: A bout de souffle et Bande à part. Il entraîne ainsi ses trois comédiens principaux – Eva Green, Louis Garrel et Michael Pitt – dans le même sprint à l’intérieur du Louvre que les héros de Bande à part. En mêlant à l’écran les deux époques. On appelle ça jouer avec le culte.
Francofonia, le Louvre sous l’occupation d’Alexandre Sokourov (2015)
Les musées inspirent Sokourov. Treize ans après L’arche russe et sa traversée du musée de l’Ermitage à Saint- Pétersbourg en un seul plan-séquence de 96 minutes, il pose sa caméra au Louvre et imagine ce qui aurait pu se produire durant l’Occupation - des collections détruites ou pillées par les hauts dignitaires nazis – sans l’alliance inattendue entre deux grands amateurs d’art : Jacques Jaujard, le directeur de l’institution et le comte Franz von Wolff-Metternich à la tête de la commission allemande pour la protection des œuvres d'art en France. Francofonia mêle fiction, images d’archives… et coulisses de ce tournage dans ce Louvre dont le Russe a investi jour et nuit les salles, les couloirs et les bureaux. Un portrait du Louvre d’hier et d’aujourd’hui donc.