Les réalisateurs français n'ont pas attendu la rentrée pour s’emparer du thème de l'éducation. L'école, ses professeurs et ses élèves sont régulièrement évoqués sur le grand écran. Voici huit films qui évoquent le monde de l'éducation en France.
L'Argent de poche de François Truffaut (1976)
C'est à Thiers, en Auvergne, que le réalisateur a tourné ce film nommé en 1977 pour le Golden Globe du meilleur long métrage étranger. Dans L'Argent de poche, François Truffaut suit le quotidien, en fin d’année scolaire, de plusieurs élèves. Réunissant Jean-François Stévenin, Virginie Thévenet, Chantal Mercier et Philippe Goldman, le réalisateur fait un retour en enfance grâce à ces saynètes jouées par des acteurs non-professionnels. Entre légèreté et innocence, François Truffaut regarde une nouvelle fois avec tendresse dans le rétroviseur dans cette œuvre autobiographique. Une ode à l'enfance.
Ça commence aujourd'hui de Bertrand Tavernier (1999)
Sorti en 1999, ce film rassemblant Philippe Torreton, Emmanuelle Bercot, Christine Citti et Nadia Kaci met en lumière le quotidien d'un directeur d'école maternelle du nord de la France. Un homme qui, jour après jour, doit faire face à la pauvreté des familles, à un manque d'écoute et de reconnaissance de sa hiérarchie ou encore à la petite délinquance. Ce drame sur la misère sociale a été présenté en 1999 à la Berlinale où il a remporté une Mention honorable du jury ainsi que le Prix de la critique internationale. Une belle récompense pour une œuvre réaliste.
Être et avoir de Nicolas Philibert (2002)
Nicolas Philibert a posé ses caméras dans l'école communale de Saint-Etienne-sur-Usson. Pendant un an, le documentariste a suivi le travail de Georges Lopez, l'instituteur de la classe unique accueillant une quinzaine d'enfants. Une centaine de visites d'écoles et cinq mois de recherches ont été nécessaires pour trouver l'établissement correspondant à la vision de Nicolas Philibert. Pendant dix semaines de tournage (non consécutives), le réalisateur, accompagné d'une équipe réduite de 3 personnes, a suivi avec tendresse le quotidien de ces élèves allant de la maternelle au CM2. Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2002, le film a également reçu cette année-là le Prix Louis-Delluc puis le César du meilleur montage en 2003. Si le cinéaste a misé sur un dispositif réduit pour cette œuvre sur la transmission, il réussit à émouvoir et faire rire dans ce bel hommage au métier de professeur.
Entre les murs de Laurent Cantet (2008)
Adaptation du roman Entre les murs de François Bégaudeau (un professeur, critique de cinéma et auteur), le film de Laurent Cantet sorti en 2008 suit le quotidien d’un professeur de français dans un collège réputé difficile. Face à des adolescents parfois démotivés, il n’hésite pas à bousculer le cadre académique pour changer les choses. César 2009 de la meilleure adaptation, Prix du public mondial TV5 Monde et Prix du meilleur film aux Lumières de la presse étrangère (2009), Palme d’or au Festival de Cannes 2008, nomination à l’Oscar 2009 du meilleur film en langue étrangère : Entre les murs affiche une belle liste de récompenses. Porté par François Bégaudeau, entouré de jeunes comédiens non-professionnels, ce long métrage met le langage à l’honneur. La réalisation de Laurent Cantet, aux allures de documentaire, trouve le ton juste pour cette plongée dans une classe de collège. Un film incisif, drôle et touchant.
La Journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld (2009)
Diffusé en mars 2009 sur Arte, quelques jours avant de sortir au cinéma, La Journée de la jupe est une plongée noire dans un collège. Lorsque Sonia Bergerac (Isabelle Adjani) tire involontairement sur un élève avec une arme trouvée dans un sac, la prof, marquée par la rupture avec son mari, craque et prend en otage sa classe. Présenté en septembre 2008 au Festival de la Fiction TV de La Rochelle ainsi qu'en 2009 à la Berlinale (section Panorama), ce long métrage, qui rassemble également Denis Podalydès et Yann Ebongé, a permis à la comédienne de recevoir en 2010 le César de la meilleure actrice. Ce quasi huis clos, puissant, nerveux et tendu, fascine autant qu'il provoque la réflexion sur des sujets tels que la laïcité, la violence en milieu scolaire et l'éducation d'aujourd'hui.
Les Héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar (2014)
Coproduit, coscénarisé et réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar, Les Héritiers raconte l’histoire d’une prof qui décide, avec sa classe de seconde réputée difficile, de préparer un concours national d’Histoire. Face à Ariane Ascaride, qui joue cette enseignante tentant de redonner confiance à ses élèves, on retrouve Ahmed Dramé qui n’est autre que le coscénariste du film inspiré de sa propre scolarité. Avec sa classe de seconde, il a en effet participé au Concours national de la Résistance et de la Déportation dont ils ont remporté le premier prix dans la catégorie Réalisation d’un travail collectif. Proposé à plusieurs sociétés de production et réalisateurs, le scénario atterrit finalement dans les mains de Marie-Castille Mention-Schaar qui choisit de laisser une place à l’improvisation. De quoi rendre naturel le jeu des adolescents. La réalisatrice réussit à faire de cette belle aventure un film pédagogique, sincère et émouvant. Le témoignage face à la classe de Léon Zygel, ancien déporté, marque profondément et durablement.
Primaire d’Hélène Angel (2016)
Florence (Sara Forestier) est institutrice dans une classe de CM2. Un métier qui la passionne. Mais lorsqu’elle rencontre Sacha, un enfant en difficulté, elle décide de s’investir pleinement pour lui venir en aide. Au point de bouleverser sa vie personnelle et de remettre en question son métier auquel elle était si dévouée. Tout comme Olivier Ayache-Vidal, Hélène Angel s’est immergée pendant de longs mois dans des classes. Un long travail de préparation qui lui permet de retranscrire avec justesse le quotidien des instituteurs. Entre optimisme et tendresse, une belle évocation du métier.
Un métier sérieux de Thomas Lilti (2023)
Après la profession de soignant dans Hippocrate, Médecin de campagne et Première année, le réalisateur Thomas Lilti sonde à nouveau la question de l’engagement à travers le métier d’enseignant. « Comprendre ce qui fait le sel de leur profession. Où puisent-ils leur motivation à enseigner dans cette adversité, dans une institution fragilisée ? Quels élèves ont-ils été ? Quels parents sont-ils devenus ? Qu’en est-il de leur vocation ? », explique le cinéaste. Cette production Le Pacte, sortie en septembre 2023, dépeint l’histoire d’un groupe de professeurs soudés et engagés auquel va se joindre un jeune remplacement sans expérience. À leur contact, ce dernier va découvrir combien la passion de l’enseignement demeure vivante au sein de l’institution. Thomas Lilti a planté le décor du film dans un collège de grande banlieue, un collège « qu’on ne voit presque plus à la télévision : un collège comme il en existe pourtant des centaines, un collège avec une population mélangée socialement, ce que j’appellerai un collège de classe moyenne. Mon collège de fiction n’est ni un collège difficile ni un collège d’élite ». Pour contourner la difficulté de tourner dans un établissement en pleine année scolaire, l’équipe a recréé un collège : les extérieurs ont été filmés dans un collège de Meudon, les classes dans un collège désaffecté de Vitry-sur-Seine, la salle des professeurs et l’administration dans un collège de Pantin. Thomas Lilti s’est longuement documenté sur le quotidien des enseignants et de leurs élèves (revues, essais de sociologie, émissions de télévision…) afin de faire dialoguer la fiction et réel. « J’ai besoin d’appréhender au mieux un univers afin de me sentir légitime à le raconter et à y insuffler une dimension romanesque. Cette confrontation du réel et du romanesque est la clé de voute de mon approche de metteur en scène. »
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