A partir de 7-8 ans
Oliver Twist de David Lean (1948)
« Grand livre, grand film et immense metteur en scène. Si un jeune cinéphile découvre David Lean avec Oliver Twist et qu'il adhère à cet univers, Lawrence d’Arabie l'attend quand il aura dix ou onze ans. C'est une histoire assez formidable pour un petit qui va comprendre comment un enfant, par la seule force de sa volonté, peut se sortir d'une situation de désespoir absolu. C’est la découverte du romanesque, pourtant difficile à appréhender avant cet âge-là. C'est l'adaptation d’un classique avec des caractères forts, mais c’est aussi un très bon film pour rentrer dans le cinéma anglais d’après-guerre avec ce qu'il avait de mieux. La violence du film sur l'enfance s'arrête toujours là où elle doit s'arrêter : ce n'est jamais insoutenable, car l'enfant a une telle force de vie qu'à chaque fois le film réussit à mettre de la lumière là où l’on pourrait penser que la situation est totalement désespérée. »
L'Argent de poche de François Truffaut (1976)
« Pour les enfants qui sont confinés et qui ne vont pas à l'école, voir cette horde d'enfants dans cette petite ville de province nous semblait idéal. C'est aussi la découverte d'un grand cinéaste : si un enfant est marqué par L'Argent de poche, c'est un film qu'il n'oubliera pas. Et quand il aura douze ans, on pourra lui montrer Les 400 Coups et L'Enfant sauvage. Truffaut et l’enfant, c'est une grande histoire. Avec Lean c’était le romanesque, ici, on est dans la découverte de la chronique, un autre genre du cinéma. Le gros avantage, c’est qu’il y a des personnages très jeunes et d’autres plus grands : quel que soit l'âge de l'enfant, il peut s'y retrouver. »
La Flèche brisée de Delmer Daves (1951)
« Cela permet de se lancer dans le western, un des genres majeurs du cinéma. Ce sont des grands espaces totalement "déconfinants", si j'ose dire. Mon nom est personne est une alternative, mais même s’il est très débridé et joyeux, il reste peut-être encore un peu violent pour des enfants de sept ou huit ans. La Flèche brisée a la particularité d’être le premier film pro-Indiens. Quitte à découvrir le western, autant commencer tout de suite par un film qui montre quelqu'un parti à la découverte de l'autre. James Stewart incarne un personnage curieux de l’autre et curieux de sa culture, au point de la pénétrer très profondément. Finalement, Avatar est une réinterprétation de La Flèche brisée. »
A partir de dix ans
Dersou Ouzala d'Akira Kurosawa (1975)
« C’est un film qui a un rythme plutôt lent, mais les enfants vont adorer. C'est là aussi la rencontre de deux cultures, avec quelqu’un qui pense être le sommet de la civilisation mais qui va découvrir qu’il a beaucoup à apprendre d'un guide de la steppe. C'est d'abord l'histoire d'une grande amitié, ainsi qu'une immense fable écologique. Il faudra aux enfants une certaine patience et une certaine rigueur, mais s’ils arrivent à rester devant, ils feront un voyage qu'ils n'oublieront jamais. C'est aussi la découverte d'un type de rythme dans le cinéma. Un rythme qui n'est pas celui, hystérique, de tous les films Marvel et autres productions devant lesquelles on les met. »
O'Brother de Joel et Ethan Coen (2000)
« Parfait pour faire découvrir la comédie musicale : ça chante et ça danse tout le temps. C'est une variation sur Le Magicien d'Oz, sans Dorothy : un personnage n'a pas de cervelle, un autre n'a pas de coeur, un n'a pas de courage… On peut d'ailleurs tout à fait montrer Le Magicien d'Oz et O'Brother en double programme, ça fonctionne parfaitement. C'est un film très festif, et en même temps très pédagogique en termes d’histoire : les Coen évoquent les années 30 aux États-Unis, le racisme, le Ku Klux Klan, la crise de 29, la prohibition… Il y a beaucoup de choses à raconter sur la culture américaine de cette époque. Et encore une fois, les enfants découvriront également d'immenses cinéastes. »
Où est la maison de mon ami ? d'Abbas Kiarostami (1987)
« Un film totalement identificatoire, avec un suspense fou pour un enfant : s'il ne rend pas son cahier à son copain, ce dernier sera renvoyé de l'école. C'est aussi la découverte de la culture et de l'éducation en Iran. Ça fait voyager, car on part dans un endroit très peu filmé. Un vrai film