Qu’est-ce qui vous a incitée à diriger un concert filmé à 360 ?
Notre projet avec Insula Orchestra est porté sur l’innovation et l’ouverture. Il m’a semblé que cette technologie nous permettait de toucher un public différent et d’être innovants dans nos pratiques. De plus, je trouve ça formidable de pouvoir - avec un simple casque Occulus- se promener au milieu des clarinettes, des hautbois, de pouvoir se retourner et observer le chef. Il y a la possibilité d’aller tout à côté de la soliste pour sentir la voix de la soprano. Car l’expérience n’est pas que visuelle, elle est sonore aussi. Nous diffusons en son binaural, c’est-à-dire qu’on n’entend pas la même chose en fonction de l’endroit où l’on se situe.
Comment avez-vous procédé pour Mozart 360 ?
Nous avons profité d’un enregistrement de La Messe du Couronnement de Mozart prévu dans la très belle cathédrale de Saint-Omer pour filmer l’orchestre sous tous les angles possibles. Les conditions de prises de son étaient bonnes puisque nous procédions à l’enregistrement d’un disque. Nous nous sommes concentrés sur deux extraits de La Messe du Couronnement. Avec le réalisateur, Colin Laurent, nous avons décidé de la position des rails de travelling et des caméras en fonction de l’entrée des instruments. Le lieu a son importance aussi puisqu’on peut aussi choisir d’écouter la musique en regardant uniquement la magnifique voûte de la nef.
Avez-vous dirigé l’orchestre comme vous le faites d’habitude ?
On fait un petit peu plus attention en tant que chef parce qu’on se dit que les gens peuvent passer les 4 minutes du film à nous observer ! J’ai soigné les départs et les gestes liés à certains passages musicaux pour que ceux qui sont intéressés par la direction d’orchestre puissent suivre. Mais je ne faisais pas un show pour autant. J’ai privilégié la véracité.
A quel public s’adresse ce film ?
Tous les publics. On a eu des expériences où on mettait les stations à la disposition du grand public et on avait des queues interminables de gens qui attendaient pour faire ça. Tous âges confondus. On se sert énormément de nos films pour des actions culturelles et des actions scolaires envers les lycées. C’est assez impressionnant de voir comme on peut faire du lien sur une œuvre avec cette technologie-là.
Pourquoi avoir poursuivi avec Beethoven 360 ?
Avec notre partenaire Arte, nous avons poussé plus loin l’expérience 360 en proposant une relecture visuelle et en temps réel de la partition. On a filmé exclusivement avec des caméras 3D. On a pris la 5e symphonie de Beethoven, tube que tout le monde connaît ! On a travaillé avec le réalisateur Ivan Maucuit, sur un axe vertical, c’est-à-dire que l’auditeur peut s’amuser à se mettre très haut au-dessus de l’orchestre ou à descendre parmi les musiciens. Ensuite, nous avons poussé plus loin l’enregistrement en son binaural, où l’on perçoit différemment la musique en fonction de notre place dans l’orchestre. Le son suit vraiment. Cette technique est fantastique et ne cesse de progresser. Le film est accompagné de graphiques, compréhensibles par tous, qui accompagnent la musique comme une visite guidée.