Comment est née l’idée des Pégases du jeu vidéo ?
L’idée de cette cérémonie est née bien avant de se concrétiser, en 2020, avec la première édition. Nous sommes partis du constat que le jeu vidéo n’était connu que par le prisme des produits et de la consommation et qu’il lui manquait un événement capable de montrer l’envers du décor, la richesse de la créativité en France et ainsi de célébrer celles et ceux qui font les jeux vidéo, au quotidien.
L’idée était également de mettre en lumière la création française, en particulier, car la France est un pays majeur dans la création de jeux vidéo, avec plus de 1300 entreprises et plus de 25 000 emplois sur le territoire. Sans compter que certains créateurs français sont des pionniers dans certains genres et styles de jeux.
Aviez-vous déjà une idée du type de cérémonie que vous souhaitiez organiser et de son fonctionnement ?
Nous avions, dès le départ, l’idée d’une cérémonie à la fois solennelle et originale, permettant de restituer les spécificités de notre média à la fois culturel et technologique. Ainsi, nous avons cherché à éviter le côté parfois ennuyeux de ces célébrations en ponctuant la cérémonie de happenings musicaux ou de performances artistiques et d’interventions drôles ou émouvantes, car le jeu vidéo c’est aussi un mélange singulier de toutes ces composantes.
Pour ce qui est du fonctionnement, avant la création de la cérémonie, nous avons fondé l’Académie des Arts et techniques du Jeu Vidéo, en 2019, qui réunit désormais plus de 1500 acteurs et actrices du secteur qui peuvent échanger sur leurs métiers et sur tous les sujets liés à l’exercice de leur profession mais aussi voter chaque année pour les meilleurs jeux vidéo dans chaque catégorie.
Le vote par les professionnels est aussi une volonté forte de notre organisation, car nous ne souhaitions pas avoir de comité qui décide d’autorité pour l’industrie. Ainsi, les récompenses sont le véritable reflet des choix de la profession. Et la reconnaissance par ses pairs est parfois aussi importante que celle des joueurs et joueuses.
Comment s’est opéré le choix des différentes récompenses ?
Nous avons voulu rester accessibles dans les intitulés en prenant le parti de récompenser des catégories compréhensibles par tous et non des prix techniques, comme en témoignent nos récompenses du « meilleur univers sonore » ou de « l’excellence visuelle ». Nous avons, ainsi, déterminé les catégories les plus englobantes afin que chaque typologie de plateforme et de jeux puisse se trouver récompensé chaque année.
Et cela évolue en fonction des changements nombreux que connaît l’industrie du jeu vidéo. Cette année, nous avons, par exemple, supprimé le prix du personnage, qui n’avait plus trop de sens, et avons introduit le Pégase de l’accessibilité, récompensant un jeu vidéo qui se distingue dans sa conception de manière à ce que toute personne qui souhaite jouer puisse le faire, et le Pégase du public, ouvert aux votes des joueurs et des joueuses, deux nouveaux prix qui reflètent les évolutions récentes de l’industrie.
Que disent, selon vous, les nominations de cette année, de la qualité et de la diversité du paysage vidéoludique français aujourd’hui ?
La cérémonie des Pégases est, tant dans les jeux soumis à l’Académie par les studios et éditeurs (85 cette année), que dans les jeux nommés ou lauréats, le reflet de la grande diversité de contenus et de type de jeux développés et commercialisés en 2021.
Il est important pour nous, en tant qu’organisateurs, que la grande diversité qui caractérise la production vidéoludique, chaque année, se reflète dans le palmarès national et international. Bien sûr, les créations sont très différentes, d’année en année, mais, cette édition encore, certains jeux vidéo sortent du lot et repartiront avec de nombreuses récompenses.
Pouvez-vous nous parler en particulier de la catégorie « meilleur jeu vidéo étudiant » ? Ces projets sont-ils porteurs d’espoir pour l’avenir ?
Bien que nous n’ayons pas, à proprement parler, de partenariat avec les écoles de jeu vidéo, nous avons développé un réseau, qui nous permet d’assurer un échange permanent avec une quinzaine d’organismes de formations aux métiers du jeu vidéo. À travers eux, nous encourageons les équipes d’étudiants à soumettre leurs projets dans cette catégorie, chaque année.
C’est une façon, pour nous, de témoigner de la qualité et du talent des futures recrues de l’industrie vidéoludique. De plus, il est gratifiant et impactant de se faire remarquer, à ses débuts, grâce à une récompense prestigieuse des professionnels.
Pour cette catégorie, le premier tour de vote est réalisé par les membres de l’Académie mais c’est ensuite le comité de pilotage de l’Académie qui détermine in fine le lauréat. On note chaque année une grande qualité des productions étudiantes, c’est très encourageant pour l’avenir de l’industrie et de la création de jeux vidéo.
En parallèle des Pégases, à travers l’Académie des Arts et Techniques du jeu vidéo et le SNJV, vous avez développé des outils, tels que le Référentiel des métiers du Jeu Vidéo, et des projets, comme le podcast « 50 métiers du Jeu Vidéo par 50 femmes », pouvez-vous nous les présenter et expliquer leurs objectifs ?
Ce sont des projets qui permettent de donner plus de visibilité à celles et ceux qui travaillent dans le monde du jeu vidéo. Notre objectif est d’évangéliser, de communiquer au maximum auprès de tous ceux et toutes celles qui se posent des questions sur la conception des productions vidéoludiques et qui souhaiteraient faire carrière dans notre industrie.
Le Référentiel des métiers est aussi un moyen d’harmoniser les intitulés de postes et de dire concrètement ce qu’on attend d’une programmeuse ou d’un « Level designer » dans les compétences et dans le savoir-être. Cela permet à la fois de démystifier et de rendre les choses tangibles, pour que les jeunes s’engagent plus sereinement dans leurs futurs parcours de formation.
Le podcast « 50 métiers du Jeu Vidéo par 50 femmes » est une initiative menée avec Jean Zeid (journaliste et auteur du livre Art et jeux vidéo (2018)), pour mettre dans la lumière les femmes qui contribuent, quotidiennement, à la création dans notre industrie. Ce sont des modèles qui permettent aussi d’engager plus de femmes dans nos équipes. La mixité étant un des enjeux majeurs de notre industrie.
Comment voyez-vous les prochaines éditions ? Avez-vous des objectifs et défis particuliers à relever pour les années à venir ?
Les Pégases sont sur une très bonne lancée : l’équipe est rodée, le partenariat avec Webedia, qui est coproducteur de la soirée, fonctionne bien et la diffusion monte en gamme. Les professionnels attendent désormais ce rendez-vous avec impatience chaque année. Notre enjeu est de faire parler de nous, encore plus, chaque année, pour augmenter notre portée et avoir, dès l’année prochaine, une plus grande ouverture à l’international, de nouveaux partenaires, des exclusivités en nombre et encore plus de jeux vidéo en compétition.
la cérémonie
La 3ème cérémonie des Pégases aura lieu, dès 20h, à La Cigale et sera retransmise, en direct, sur Twitch via les chaînes LeStream, JV et MGG.
La cérémonie des Pégases 2022 a bénéficié de l’Aide aux manifestations du Fonds d'aide au jeu vidéo (FAJV), de la part du CNC.