Le soutien de la SODEC à la coproduction franco-canadienne

Le soutien de la SODEC à la coproduction franco-canadienne

29 octobre 2024
Professionnels
« Simple comme Sylvain »
« Simple comme Sylvain » de Monia Chokri, César du meilleur film étranger 2024 Fred Gervais

À l’occasion des 20e Rencontres de coproduction francophone organisées par la SODEC du 5 au 8 novembre à Montréal, retour sur les actions menées en faveur de la coproduction franco-canadienne.


Organisées par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) depuis 2003, les Rencontres de coproduction francophone (RCF) réunissent chaque année plusieurs centaines de professionnels de l’industrie du cinéma pour échanger et collaborer sur le financement et la coproduction d’œuvres cinématographiques en langue française.

Les Rencontres de coproduction francophone

« Ces rencontres sont nées à l’initiative de Joëlle Levie, qui était alors directrice générale du cinéma et de la production télévisuelle de la SODEC », explique Élaine Dumont, directrice générale des affaires internationales, de l’exportation et de la mise en marché du cinéma de la SODEC. « Elle souhaitait développer un volet professionnel au sein de la Semaine du cinéma du Québec qui se déroulait chaque année à Paris depuis la fin des années 1990. La Semaine a pris fin en 2015, mais à la demande des partenaires francophones – à savoir la Fédération Wallonie-Bruxelles, Téléfilm Canada et la SODEC, le CNC, le Film Fund Luxembourg et l’Office fédéral de la culture suisse –, les RCF ont continué. Et l’idée de faire tourner les rencontres chaque année dans un pays partenaire différent s’est imposée naturellement. Chacun peut ainsi s’approprier l’événement selon un intérêt particulier. Par exemple, au Québec, nous avons axé les RCF sur le numérique. Le Film Fund Luxembourg a développé une thématique musicale tandis que l’Office fédéral de la culture suisse a organisé une édition autour de l’adaptation littéraire ».

Ainsi, après Marseille en 2022 et Genève en 2023, les RCF ont choisi Montréal pour célébrer leur vingtième édition. Du 5 au 8 novembre, productrices et producteurs, partenaires financiers, vendeuses et vendeurs internationaux, distributrices et distributeurs, diffuseuses et diffuseurs, vont découvrir les vingt-cinq longs métrages en développement sélectionnés pour ces Rencontres. Conçus et écrits en langue française, ils sont présentés sous forme de pitch vidéo afin de rencontrer leurs futurs partenaires financiers et/ou de coproduction.  « Les projets sélectionnés ont pour point commun de traiter de sujets internationaux, donc plus faciles à exporter. Par exemple, les personnages principaux ou secondaires sont Européens ou partent en Europe. Le récit doit trouver une résonance dans les pays francophones. Un sacré défi, car si ces pays parlent la même langue, ils diffèrent dans leur culture. », rappelle Élaine Dumont.

Falcon Lake de Charlotte Le Bon, sélectionné à la Quinzaine des cinéastes en 2022
Falcon Lake de Charlotte Le Bon, sélectionné à la Quinzaine des cinéastes en 2022 Tandem Films

Faire connaître les principaux fonds d’aide des partenaires

S’articulant autour de la coproduction, ces quatre journées professionnelles sont l’occasion de faire connaître les principaux fonds d’aide des pays francophones coorganisateurs tels que l’Avance sur recettes ou l’aide aux cinémas du monde du CNC, l’aide à la production de longs métrages en langue française de la SODEC, le Fonds d’aide aux long métrages de Téléfilm Canada, le Tax Shelter pour les sociétés de production belges ou installées en Belgique… Cette année, d’autres partenaires internationaux viendront également présenter leurs différents systèmes d’aide aux projets : le Bureau du Cinéma et de la Télévision du Québec (BCTQ), le Bureau de tournages à Dakar, Wallimage, le Film Laurentides au Québec, ou encore des diffuseurs audiovisuels (TV5, Prime Vidéo/Amazon studio, Québecor contenu, BCTM…).

« Les Rencontres de coproduction francophone sont avant tout un lieu d’échanges où des liens professionnels se tissent, en offrant de formidables opportunités de mise en réseau. », détaille Élaine Dumont. « Des collaborations naissent entre des producteurs aguerris et des producteurs émergents autour d’un élan commun pour un projet. Ces rencontres offrent une ouverture sur le monde. C’est bien là tout leur sens. D’ailleurs, cette année, l’Afrique francophone est particulièrement bien représentée avec des projets venus de Côte d’Ivoire, de République démocratique du Congo, du Sénégal, Burkina Faso, du Cameroun. Le Liban est également représenté. Cette richesse dans la sélection des projets est en partie le fait du CNC à travers le programme DEENTAL-ACP. L’expertise du Centre sur la production des pays d’Afrique francophone est précieuse. »

Favoriser la rencontre entre de futurs coproducteurs

Parmi les autres actions menées par la Société de développement des entreprises culturelles en faveur de la coproduction francophone, sa participation au petit-déjeuner de la francophonie organisé chaque année par le CNC à Cannes, son soutien au festival CINEMANIA, autre événement majeur dédié à la production audiovisuelle francophone, ou encore sa contribution au festival du film francophone d’Angoulême. La SODEC est aussi à l’initiative de l’Atelier Grand Nord qui rassemble des professionnels du milieu du cinéma de la communauté francophone pour des séances de travail et d’échanges autour de l’écriture du scénario.

« La SODEC est active sur l’ensemble du secteur audiovisuel. Nous sommes également présents à Séries Mania, au Marché international du film d’animation d’Annecy (MIFA), où nous organisons une rencontre avec les partenaires francophones, au MIPCOM – le Marché International des Programmes de Communication – à Cannes, au Sunny Side of the Doc, au festival du film de la Rochelle (FEMA), où les coproductions franco-québécoises ou canadiennes sont souvent en sélection… »

La SODEC offre ainsi un cadre propice aux producteurs français et canadiens pour échanger et nouer des partenariats autour de projets commun. Une coopération favorisée par la signature de l’accord de coproduction France-Canada grâce auquel les coproductions entre les deux pays connaissent un élan de vitalité.

L’accord de coproduction France-Canada

Signé le 28 juillet 2021 entre le ministère du Patrimoine canadien et le ministère de la Culture français, et entré en vigueur le 1er mai 2022, cet accord de coproduction remplace deux accords préalablement signés en 1983. Sa nouveauté porte sur deux points : pour la première fois, la production cinématographique et audiovisuelle sont traitées conjointement. De même, ce traité concerne les coproductions d’œuvres destinées non seulement aux salles de cinéma, mais aussi à la télévision et aux plateformes numériques, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités de collaboration franco-canadienne.

« Cet accord est innovant car il accompagne l’évolution du paysage audiovisuel international. Il étend le champ potentiel de coproduction en permettant une plus grande souplesse des mécanismes financiers et techniques pour officialiser une coproduction. Un projet reconnu comme étant une coproduction internationale est assimilé à une production canadienne, c’est-à-dire que le projet sera admissible aux mêmes incitatifs financiers (admissibilité à des fonds privés et publics, éligibilité au crédit d’impôt…) qu’une production nationale. », explique Julie Blondin, Directrice nationale, Relations d’affaires et coproductions de Téléfilm Canada.

« La France est un partenaire privilégié du Canada dans le domaine audiovisuel, avec une centaine de coproductions depuis 2015, le situant presque toujours parmi les deux partenaires principaux du Canada. Cet accord vient renforcer cette collaboration en favorisant l'échange culturel, en intégrant des talents, des histoires et des perspectives de chaque pays », poursuit-elle. Depuis l’entrée en vigueur de ce nouvel accord, la coproduction d’œuvres cinématographes franco-canadiennes connaît une forte dynamique. « Téléfilm Canada a recensé 32 coproductions depuis 2022 : 7 projets télévisuels et 25 longs métrages. La moitié de ces œuvres sont des coproductions à majorité française et l’autre moitié à majorité canadienne. Pas tous d’expression française et à la typologie des plus variées : fiction, documentaire, animation, polar... Un exemple démontrant la collaboration équilibrée et fructueuse entre les deux pays. »

Les raisons du succès

En effet, parmi les coproductions emblématiques de ces deux dernières années, L’Origine du mal de Sébastien Marnier présenté à La Mostra de Venise en 2022, Falcon Lake de Charlotte Le Bon, sélectionné à la Quinzaine des cinéastes la même année, Le Dernier Jaguar de Gilles de Maistre, une aventure familiale qui a attiré plus d’un million de spectateurs français en février 2024, Le Successeur de Xavier Legrand qui a remporté un franc succès au Québec, Simple comme Sylvain de Monia Chokri, César du meilleur film étranger 2024, mais aussi La Tresse de Laëtitia Colombani (plus d’un million d’entrées en France cette année) et Les Linceuls de David Cronenberg, présenté au dernier festival de Cannes… « Le Canada a ratifié 59 traités de coproduction, mais tous n’ont pas le même impact culturel que le traité avec la France », rappelle Julie Blondin. « Avec la France, il en est autrement. Une sensibilité et un passé communs nous lient de manière intrinsèque. Ces coproductions quasi-organiques se nouent car les projets trouvent un écho dans les deux pays. Elles vont au-delà du contrat d’affaires.  Peut-être est-ce là la raison de ces succès. »