« Besoin d’amour » sur OCS : comment Frédéric Hazan réinvente la comédie romantique à la française

« Besoin d’amour » sur OCS : comment Frédéric Hazan réinvente la comédie romantique à la française

12 mai 2023
Séries et TV
« Besoin d’amour ».
« Besoin d’amour ». OCS

Peut-on vivre sans amour ? Frédéric Hazan a trouvé la réponse à cette question existentielle dans cette série OCS Signature, qui raconte les malaises d’un acteur porno souffrant d’un manque crucial d’une hormone normalement sécrétée par l’amour. Un conte étrange qui joue avec les codes de la comédie romantique, comme nous le raconte son créateur.


D’où vous est venu ce concept du manque d’amour à un degré médical ?

Frédéric Hazan : C’est vrai que c’est une idée farfelue, un peu comme moi. En fait, j’avais d’abord l’envie de parler d’un acteur porno, un peu à la ramasse, qui n’a plus l’envie, plus le désir. Et en même temps, je voulais parler d’un « truc » dans le cerveau, sécrété par l’amour. Si on ne sécrète pas cette hormone, est-ce qu’on peut en mourir ? J’ai eu envie de poser cette question à travers un personnage qui manque tellement d’amour qu’au bout d’un moment, il s’éteint, il s’effondre, il chute. Et qui de mieux que cet acteur porno pour incarner ce manque absolu de sentiment ?

Pourquoi avoir choisi d’interpréter le personnage principal, ce qui n’était pas le cas dans Max, votre série précédente, portée par Max Boublil ?

Je savais depuis le début que ce serait moi. Je savais comment le faire. Dès l’écriture, je me voyais dans le rôle. Par certains aspects, il me ressemble. Il est excessif, il fait de mauvais choix, il a du mal à exprimer ses émotions et parfois il les exprime trop. Il peut avoir des réactions brutales. Ses parents l’ont tellement peu élevé que c’est presque un enfant sauvage, qui n’a aucun repère. Et j’aime bien ceux qui ne possèdent pas les codes de la société.

Par moments, c’est très triste et la séquence d’après, la série bascule dans quelque chose de totalement burlesque.

Besoin d’amour navigue entre un ton à la fois émouvant, mélancolique, et la comédie pure et dure…

Les gens ont une culture forte de la série, ils ont vu tellement de choses désormais, que je pense que le public est à même, aujourd’hui, de recevoir plein d’émotions différentes. Alors je me permets de passer d’une émotion à l’autre, sans transition. Par moments, c’est triste, voire très triste, et la séquence d’après, la série bascule dans quelque chose de totalement burlesque. J’adore ce contraste. On essaye de ne pas trop casser le rythme et après, on joue avec le montage.

Vos références en la matière étaient plutôt anglo-saxonnes, non ?

Oui, par exemple la série de Ricky Gervais, Afterlife (Netflix). J’adore Will Ferrell et tout ce qu’il fait dans ses films. Ce sont des personnages qu’on a parfois du mal à esquisser en France : on est très à l’aise avec la comédie potache, mais moins avec ce genre d’humour décalé. Du coup, ce n’est pas facile à vendre ! Je pense qu’il n’y avait que OCS pour le faire.

 

Vous dites que Besoin d’amour est une « dramédie romantique ». C’est-à-dire ?

C’est ce mélange des tons ! On est à la fois dans le drame, dans la comédie et dans la comédie romantique. Il y a des moments sombres, on parle de deuil, et puis tout à coup il y a de la comédie pure ! Enfin, en fil rouge, on est vraiment sur une comédie romantique.

Il était important aussi de se faire plaisir et de faire quelque chose de très romantique.

Quel est votre rapport à la comédie romantique justement ?

C’est ma femme qui m’a initié à ce genre et aujourd’hui j’aime beaucoup ! Sans aucune honte. Les Anglais sont les maîtres ! C’est un genre qui marche quand les personnages sont bancals et quand on n’est pas dans le casting de rêve hollywoodien. On trouve tout de suite la romance beaucoup plus attachante…

Il y a des écueils à éviter lorsqu’on s’essaye à ce genre-là ?

Oui… mais en même temps, il ne faut pas tourner autour du pot. Il faut assumer ! Je disais à Sinclair, qui fait la musique de Besoin d’amour, de ne pas hésiter et d’y aller à fond ! Il était important aussi de se faire plaisir et de faire quelque chose de très romantique… Peut-être que c’est ma manière de réinventer la comédie romantique à la française.

Comment avez-vous construit votre alchimie avec Laetitia Vercken, votre partenaire à l’écran ?

On a fait un gros casting et à chaque fois, c’est moi qui donnais la réplique. On a vu une cinquantaine d’actrices différentes. Et bizarrement, Laetitia était la deuxième personne que j’ai vue et comme dans la vie, comme en amour, j’ai rapidement senti que ce serait elle. On a joué, ça marchait, il y avait quelque chose dans la voix… C’est un ressenti. C’est difficile à expliquer, mais l’important c’est que les gens se disent, en voyant nos personnages à l’écran, qu’ils doivent être ensemble. Mais ça… On peut jouer sur le montage, la musique, mais à l’arrivée, si l’alchimie ne fonctionne pas naturellement entre les deux comédiens, il n’y a rien à faire. L’écriture peut être très soignée, si on ne s’attache pas à ce couple, la série ne marche plus.

J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire pour Gérard Jugnot et Camille Combal.

Les dialogues sont très travaillés. Comment avez-vous pensé l’écriture des répliques ?

J’adore cette partie-là ! Si l’on me demandait d’être simplement dialoguiste sur des films réalisés par d’autres, je dirais oui ! Malheureusement, c’est un métier qui n’existe plus vraiment… Mais pour Besoin d’amour, j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire pour Gérard Jugnot. Et aussi pour Camille Combal, qui avait des tonnes de lignes et de répliques. Il a impressionné tout le monde…

Pourquoi avoir choisi Clémentine Célarié pour interpréter la mère de votre personnage ?

C’est un personnage un peu dur, très rude avec son fils. On pourrait vite la détester, mais Clémentine arrive toujours à amener ce petit quelque chose d’attachant. On comprend qu’elle aussi manque d’amour et je savais que grâce à elle, on allait finir par réussir à lui pardonner.

Vous croyez qu’on peut vraiment mourir d’un manque d’amour ?

J’y crois un peu à vrai dire… Parce que j’ai un ami neurologue qui m’a confirmé que cela serait théoriquement possible. Si l’on est asséché dans cette zone du cerveau, on peut potentiellement en mourir. Il y a quelque chose d’un peu scientifique que j’ai fait vérifier : si l’on ne sécrète vraiment plus aucune hormone ici, on peut s’effondrer !

Besoin d’amour, série de six épisodes, le 11 mai sur OCS.

BESOIN D’AMOUR

Créée, écrite et réalisée par Frédéric Hazan
Produite par Pierre-Marcel Blanchot, Julien Gayot et Fabrice Lambot
Musique de Mathieu Blanc-Francard (Sinclair)
Avec Frédéric Hazan, Anouk Villemin, Laetitia Vercken, Clémentine Célarié, Gérard Jugnot…

Soutien du CNC : Aide à la production (sélectif)