Sans ses décors poétiques et inventifs, la scène du Piccolo Teatro de Milan ne brillera plus du même éclat. Le décorateur et scénographe Ezio Frigerio, célèbre pour ses collaborations avec le metteur en scène Giorgio Strehler, ainsi que le danseur et chorégraphe Rudolf Noureev, est mort mercredi 2 février à Lecco (Lombardie). En marge des quelque 500 pièces de théâtre et ballets magnifiés par sa créativité sans bornes, Ezio Frigerio a plus rarement cédé aux sirènes du septième Art. Sa première embardée dans le monde du cinéma se fait en tant que costumier sur le film de guerre Le Meilleur Ennemi (1961) du réalisateur britannique Guy Hamilton. Un an plus tard, il travaille avec l’un des pères du néoréalisme italien, Vittorio De Sica sur les décors de son adaptation de la pièce de Jean-Paul Sartre, Les Séquestrés d'Altona. Une entente qui continue en 1963 pour la scénographie de la comédie à sketches Hier, aujourd'hui et demain avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni, récompensée par l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Très grande tristesse d’apprendre la disparition d’#EzioFrigerio, magnifique décorateur et costumier si présent à l’Opéra de Paris, où il a signé de mémorables décors et costumes d’opéras et de ballets que nous continuons encore d’admirer aujourd'hui. pic.twitter.com/MgHKKCVwQM
— Opéra de Paris (@operadeparis) February 2, 2022
Après Mademoiselle de Maupin (1966), film d'aventures historique de Mauro Bolognini basé sur le roman de Théophile Gautier, Ezio Frigerio se fait plus rare au cinéma. Ce n'est que dix ans plus tard qu'il revient pour un projet monumental : Novecento (1976) de Bernardo Bertolucci. Une fresque historique grandiose, faite de violence et de beauté, dans laquelle Bertolucci capture les changements qui secouent l'Italie rurale durant la première moitié du XXe siècle. Ezio Frigerio se détourne à nouveau du septième Art pendant près de 15 ans, jusqu'à sa collaboration avec le cinéaste français Jean-Paul Rappeneau pour Cyrano de Bergerac. Un nouveau long métrage avec Gérard Depardieu pour lequel il obtient une nomination aux Oscars, ainsi que le César des meilleurs décors en 1991. Son deuxième film avec Rappeneau, Le Hussard sur le toit (1995), lui vaut également une nomination lors de la 21e cérémonie des César. La dernière aventure de cinéma de cet immense scénographe italien se fera sous la direction de Volker Schlöndorff sur le plateau du Roi des Aulnes (1996).