Natif de Chiraz, dans le sud du pays, Ebrahim Golestan a une vingtaine d’années quand il réalise pour la première fois des reportages pour les chaînes américaines NBC et CBS. Après la Seconde Guerre mondiale, il débute une carrière de journaliste pour la presse de gauche proche du parti communiste iranien. En parallèle, il écrit de nombreux romans et nouvelles. Il traduit également en persan des auteurs comme Shakespeare, Dostoïevski, Twain, Shaw, Hemingway et Faulkner.
Au milieu des années 50, Ebrahim Golestan créé le Studio Golestan (Sazman-e Film Golestan), premier studio indépendant de cinéma du pays. Il réalise de nombreux documentaires tels qu’Un feu (Yek atash) en 1961, Les Collines de Marlik (Tappeh hayé Marlik) en 1963, et produit la même année l’unique film réalisé par la poétesse Forough Farrokhzad : La Maison est noire (Khaneh siah ast), un court métrage documentaire sur le quotidien des lépreux de Tabriz, au nord de l’Iran, dont la version restaurée par le CNC sera présentée aux prochains Rendez-vous de l’Histoire de Blois du 4 au 8 octobre 2023.
En 1964, le cinéaste signe son premier long métrage de fiction La Brique et le Miroir (Khesht o ayeneh). Cette œuvre satirique sur la société iranienne, réalisée en décors naturels et en format Scope, amorce le début de la « nouvelle vague » du cinéma iranien, marquant un tournant dans le travail de toute une génération de cinéastes. En 1974, il adapte son roman Les Secrets du trésor de la vallée des Djinns sur grand écran.
Après la révolution islamique de 1979, Ebrahim Golestan s’exile au Royaume-Uni et y mène une vie discrète. Sa dernière apparition au cinéma il la doit à la cinéaste iranienne Mitra Farahani qui le fait jouer en 2022, tout juste centenaire, dans son film À vendredi, Robinson (See you Friday, Robinson). Un dialogue filmé entre Ebrahim Golestan et Jean-Luc Godard sorti en salles le 14 septembre 2022.
Celui qui a marqué de son aura la scène cinématographique, littéraire et culturelle iranienne s’est éteint le 22 août 2023 dans le Sussex en Angleterre. Il laisse derrière lui une oeuvre pionnière qui a inspiré nombre de cinéastes.