Si le soutien au cinéma hexagonal figure au cœur de ses missions, le CNC aide également les cinématographies étrangères. Initiée en 2012 par le ministère de la Culture et de la Communication et le ministère des Affaires étrangères, cogérée par le CNC et l’Institut français, l’Aide aux cinémas du monde (ACM) vise ainsi à soutenir les collaborations entre cinéastes étrangers du monde entier et professionnels français, en vue de coproduire ensemble les œuvres qui contribueront à promouvoir la diversité cinématographique mondiale et, à travers elle, le rayonnement culturel de la France.
Cette aide s’est rapidement positionnée comme la pierre angulaire de notre dispositif de soutien à la coproduction internationale, et offre aujourd’hui un point d’entrée unique aux cinéastes du monde entier. En résumé, l’ACM est une aide sélective, ouverte aux cinéastes étrangers (et aux cinéastes français lorsqu’ils tournent dans une langue étrangère). Elle est réservée aux projets de long métrage (fiction, animation, documentaire de création) destinés à une première exploitation en salles de cinéma. Elle peut être accordée soit avant réalisation, soit après réalisation au stade de la post-production (uniquement pour les projets ayant sollicité l’aide à la production et ne l’ayant pas obtenue). Le montant accordé est plafonné à 250 000 € (450 000 € pour les films d’initiative françaises dont le budget est supérieur à 2,5 M€) pour l’aide avant réalisation et à 50 000 € pour l’aide après réalisation.
L’ACM est accordée à la société de coproduction partenaire établie en France dans le cadre d’une coproduction avec un ou plusieurs producteurs établis à l’étranger. Les projets sont sélectionnés en fonction de leur degré d’excellence artistique, de leur capacité à présenter au public français et étranger des regards différents et des sensibilités nouvelles, de la fragilité relative du tissu professionnel dans lequel ces œuvres s’inscrivent, ainsi que de leur faisabilité financière et du degré d’implication de l’entreprise de production établie en France. L’œuvre doit par ailleurs respecter plusieurs critères d’éligibilité : être coproduite par une entreprise de production établie hors de France, réalisée par un ressortissant étranger (ou français par exception), la langue de tournage pourra être la ou les langue(s) officielle(s) ou en usage dans le ou les pays étrangers dont le réalisateur est ressortissant ou sur le territoire desquels ont lieu les prises de vues.div class="full-image">
L'attribution des aides est décidée par le président du CNC et la présidente de l’Institut français après avis d'une commission composée de personnalités reconnues de la profession. Depuis janvier 2024, l’ACM connaît une nouvelle organisation et une nouvelle gouvernance. Cette réforme de l’ACM instaure désormais de binômes de co-présidents à la tête de trois commissions distinctes afin de mieux répartir la charge de travail des membres.
Déterminant quels projets pourront être aidés, la commission se compose de trois collèges : le premier collège est compétent pour les demandes d’aides avant réalisation pour les premiers et deuxièmes longs métrages d’un réalisateur, le deuxième collège pour les demandes d’aides avant réalisation pour les films de cinéastes plus expérimentés, le troisième collège pour les demandes d’aides après réalisation.
Les deux premiers collèges se composent de comités de lecture (plusieurs pour chaque collège) suivis un mois plus tard, d’une commission plénière (une par collège). Les demandes d’aide après réalisation (3e collège) sont examinées au sein d’une commission plénière dédiée. Les commissions ont lieu soit à l'Institut français (1er collège), soit au CNC (2e et 3e collèges). 4 sessions ont lieu chaque année.
En savoir plus sur la réforme et nouvelles commissions de l’Aide aux cinémas du monde :
617 projets ont été soutenus à ce jour
Depuis le lancement de l’ACM en 2012, 47 sessions ont eu lieu. Au total, environ 4400 projets émanant de 143 pays différents ont été déposés, dont 2700 au titre du 1er collège, et 1700 au titre du 2ème collège.
- 617 projets ont été soutenus à ce jour, dont :
- 491 aides avant réalisation et 126 aides après réalisation ;
- 333 issus du 1er collège (203 premiers longs-métrages, 130 deuxièmes longs-métrages) et 284 issus du 2ème collège ;
- 529 films de fiction, 77 documentaires, 9 films d’animation, 2 films hybrides.
Depuis l’origine, 169 réalisatrices ont bénéficié de l’ACM, ce qui représente environ un quart des projets soutenus. Cependant, cette proportion ne cesse de croitre et atteint en moyenne 47% lors des quatre dernières sessions. L’objectif de diversité géographique est largement atteint puisque les réalisateurs et réalisatrices soutenus représentent 111 nationalités différentes.
À ce jour, les principaux pays étrangers bénéficiaires sont l’Italie (31 films), l’Argentine (26), le Brésil (24), le Portugal (23), Israël (19), le Chili, la Chine, la Roumanie et la Turquie (18), l’Espagne (17), l’Iran (16), l’Inde (15), l’Algérie, la Colombie, le Maroc (14), le Japon et la Tunisie (12), le Liban et la Palestine (11), le Mexique (9), le Kazakhstan, la Serbie et Singapour et l’Ukraine (8), le Burkina Faso, l’Egypte, la Géorgie, la Grèce, la Russie, la Suède, la Thaïlande et le Vietnam (7), l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Indonésie (6).
Ont également été aidés des cinéastes de pays à la cinématographie peu diffusée en France et/ou produisant peu de films tels que l’Afghanistan, la Biélorussie, le Bhoutan, la Bolivie, la République Centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Costa Rica, l’Équateur, l’Ethiopie, le Guatemala, la Guinée, la Guinée Bissau, Haïti, le Kenya, le Kirghizstan, le Kosovo, la Lettonie, Maurice, le Monténégro, le Myanmar, le Népal, le Nicaragua, le Niger, le Pakistan, le Paraguay, le Rwanda, Singapour, la Somalie, le Sri Lanka, l’Uruguay, la Zambie…
L’Aide aux cinémas du monde est aujourd’hui identifiée par les professionnels, qu’ils soient producteurs, distributeurs ou programmateurs de festivals comme un label d’excellence. Son obtention est un gage de qualité, qui ouvre les portes d’une meilleure distribution et aide à l’obtention d’autres financements. De nombreux films aidés ont été sélectionnés et primés dans les festivals internationaux. 312 films soutenus par l’ACM ont ainsi été présentés en première mondiale dans l’un des quatre festivals majeurs (153 à Cannes, 68 à Venise, 65 à Berlin et 26 à Locarno). Parmi les films ACM, on compte notamment 1 Palme d’or (Winter Sleep, de Nuri Bilge Ceylan) et 2 Prix du Jury à Cannes, 1 Ours d’or et 8 Ours d’argent à Berlin, 1 Lion d’Argent et 2 Grand Prix à Venise ainsi que 6 nominations aux Oscars.
À titre d’exemple, 15 films ACM font partie de la sélection cannoise 2024, dont 4 en compétition : Motel Destino de Karim Aïnouz, Grand tour de Miguel Gomez, All We Imagine as Light de Payal Kapadia et The Seed of the Sacred Fig de Mohammad Rasoulof.
En ce qui concerne la carrière commerciale des films aidés, 301 d’entre eux sont sortis en France à ce jour, comptabilisant un peu plus de 14,7 millions d’entrées, soit une moyenne d’environ 50 000 entrées par film.
Parmi les films ayant bénéficié de l’ACM, sont notamment sortis sur les écrans français ces dernières années Alma Viva de Cristèle Alves Meira, Les Meutes de Kamal Lazraq, Le Bleu du caftan de Maryam Touzani, Chevalier noir de Emad Aleebrahim Dekhordi, Déserts de Faouzi Bensaïdi, Les Colons de Felipe Galvez ou encore Si seulement je pouvais hiberner de Zoljargal Purevdash.
Parmi les 40 films qui comptent plus de 100 000 entrées dans les salles françaises, 34 ont été présentés en première mondiale au Festival de Cannes, 5 au Festival de Venise et 1 au Festival de Locarno.
Le programme DEENTAL
Le programme « DEENTAL-ACP » a été lancé en juillet 2020 par le CNC avec la collaboration financière de l’Union Européenne et le support de l’organisation des états ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Signifiant « ensemble » en peul, « DEENTAL » est un dispositif permettant d'accorder des bonus financiers aux projets en provenance des pays ACP bénéficiaires de l’Aide aux cinémas du monde (ACM) et/ou du Fonds pour la jeune création francophone (JCF). Un second volet comprend la mise en place d’actions en renforcement des capacités pour soutenir la structuration du secteur audiovisuel dans les pays ACP.