Comment s’est déroulée cette 28ème édition du Sunny Side of the doc ? Quels en ont été les temps forts ?
Yves Jeanneau: Je retiens plusieurs éléments positifs. Tout d’abord l’importance toujours plus forte du numérique, qui constitue un nouveau segment de marché pour le documentaire hors télévision. Il faut savoir que les musées et plus généralement tous les lieux culturels qui accueillent et accompagnent du public, ce que les anglo-saxons appelle les LBE -Location Based Entertainment - sont particulièrement demandeurs de ce type de contenus audiovisuels utilisant des nouvelles technologies : 3D, VR, AR, 360°, applications... Il y a donc une forte demande, et une recherche qui permet de proposer de nouvelles formes, d’adapter des technologies coûteuses à des productions raisonnables budgétairement. C’est ce processus qui dynamise actuellement notre secteur. Deuxième élément important : l’augmentation des présences étrangères sur le marché, en particulier sur stands, ainsi que leur fidélisation. Venir à Sunny Side est devenue une nécessité pour les acteurs de ce secteur, aussi bien pour monter des coproductions que pour vendre des films finis. Enfin, je me réjouis du succès de notre thématique centrale sur les programmes historiques qui a permis de mieux structurer ce marché au niveau international, en particulier en attirant tous les fournisseurs d’archives. La production française, soutenue par le CNC, est d’ailleurs en fort développement quantitatif et qualitatif.
Le Sunny Side accorde une part de plus en plus importante aux nouvelles technologies et en particulier à la réalité virtuelle. Pouvez-vous nous en parler ?
YJ: Il y a 6 ans, quand nous avons lancé le Sunny Lab, l’idée était de ramener la R&D- Recherche et Développement- au cœur du secteur du documentaire. Depuis, nous avons fédéré les principaux acteurs, avec le soutien de l’INA et des Clusters régionaux en particulier. Cette année, nous avons créé PIXII (Parcours interactif d’expériences immersives et innovantes), un lieu de rencontre, réservés aux professionnels le matin mais ouvert au grand public l’après- midi. En fin de parcours, on invite les gens à rencontrer un créateur, un producteur, un acteur de ce milieu. Ainsi il y a un double échange, d’abord entre professionnels, ce qui crée une émulation positive. Mais aussi avec le public, ce qui permet aux professionnels de prendre en considération les attentes de ce dernier et de développer des formes créatives toujours plus en phase avec les attentes et les usages. C’est notamment le cas pour tout ce qui concerne les musées et châteaux, le ludo-éducatif et la vie océanique et climatique.
Allez-vous continuer à développer les marchés à l’international ?
YJ: Bien sûr il s’agit même du cœur du Sunny Side avec notamment le marché asiatique qui se développe très rapidement et qui est de plus en plus présent à Sunny Side. Cette année il y avait 20 professionnels uniquement pour la Thaïlande, autant de japonais et une soixantaine de chinois ! C’est la raison d’être de l’Asian Side of the Doc qui aura lieu pour la 8e fois en novembre cette année en Thaïlande. Nous accompagnons, sur place, cette structuration du marché asiatique notamment des pays d’Asie du Sud- Est qui sont en fort développement. Mais le Sunny Side, c’est plus d’une soixantaine de pays différents représentés. L’Allemagne, le Canada, la Chine, le Royaume Uni fournissent les plus nombreuses délégations.
Quels sont les défis à relever pour le Sunny Side ?
YJ: Le Sunny Side est avant tout un espace pour les professionnels, un marché. Mais le public a un rôle majeur à jouer et nous devons favoriser le dialogue avec les professionnels. Le succès que nous avons eu avec PIXII a permis de redynamiser l’ensemble des acteurs, des créatifs aux producteurs. Il faut donc continuer à créer des événements de ce genre.
Plus généralement comment se porte le genre documentaire en France ?
YJ: Nous avons la chance en France d’avoir un secteur bien structuré et bien soutenu ; il se porte bien, ce qui n’est, à titre d’exemple, pas le cas aux États-Unis. Ni dans les pays où la liberté d’expression n’est pas souhaitée... Le documentaire est rebelle par nature ; sinon il n’est que de la propagande. L’élargissement géographique du marché mondial et la diversification des médias ont pour conséquence une augmentation de la demande et des débouchés. Ce qui est positif pour un pays capable d’y répondre. Ce qui est le cas de la France.