Comment est née cette manifestation ?
Je travaille au GRAC (Groupement régional d’actions cinématographiques), une association de réseau de salles de cinéma indépendantes du Rhône, de la Loire et de l’Ain, qui coordonne le projet Réseau Médiation Cinéma, diffusé en Auvergne-Rhône-Alpes. Nous sommes accompagnés par la Région, la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), et le CNC pour organiser un ensemble d’actions autour de la médiation en salles, dont Fureurs d’avril, un temps fort qui a lieu dans 43 salles de cinéma de proximité. Ces dernières choisissent elles-mêmes dans un catalogue les films et animations qu’elles souhaitent présenter. Toutes les structures n’ont donc pas la même programmation. Fureur d’avril est né de la volonté de créer un temps fort au printemps, durant trois semaines, pour attirer le public jeune des 15-25 ans dans les cinémas indépendants. Il était nécessaire pour y arriver de constituer un réseau afin d’échanger nos idées et de mutualiser les coûts. Fureurs d’avril existe depuis maintenant quatre ans, mais a pris de l’ampleur grâce au soutien du CNC dans le cadre de cet appel à projets « Diffusion culturelle auprès des 15-25 ans » initié il y a trois ans. Nous avons pu développer une charte graphique propre à la manifestation, proposer des tournées de médiation, et même inviter des réalisateurs dans nos projections.
De quelle manière s’organise-t-elle ?
Onze films sont choisis par un comité de sept directeurs et médiateurs de salles de cinéma, que je coordonne au sein du Réseau Médiation Cinéma. Des médiations sont pensées autour de ces œuvres qui nous semblent pertinentes au regard de la cible des 15-25 ans. Le but est de proposer un catalogue clé en main aux salles Art & Essai de la région, en centre-ville et en périphérie. Nous leur proposons cette année Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, réalisé par la Québécoise Ariane Louis-Seize ; Pendant ce temps sur terre de Jérémy Clapin tourné dans notre région et présenté ici en avant-première, sans oublier des films cultes comme Whiplash de l’Américain Damien Chazelle, choisi par nos groupes de jeunes ambassadeurs. Nous projetons aussi du documentaire, du court métrage, de l’animation... Chaque année, de plus en plus de salles participent à Fureurs d’avril : elles étaient 34 l’année dernière et 43 pour cette nouvelle édition.
Quelles sont les activités proposées ?
Notre cœur de métier est la médiation en salles. Nous donnons donc la même place aux animations qu’aux projections. Nous avons imaginé Fureurs d’avril comme un tremplin pour pousser les cinémas à remettre par la suite facilement en place ce genre d’activités. Les deux éditions passées, nous avons travaillé avec l’association Playful, une structure de médiation entre les salles de cinéma et l’univers du jeu vidéo. Ensemble, nous avons proposé des sessions de jeux vidéo indépendants en lien avec des films projetés. Désormais, les salles le font de manière autonome, même si évidemment elles restent maîtresses de leur programmation. Par exemple, nous avons comptabilisé une centaine de salles qui organisent leur propre médiation cette année. De notre côté, nous finançons deux tournées de médiation, dont l’une est organisée autour de la réalité virtuelle en partenariat avec Festivals Connexion. Neuf salles vont accueillir un espace de réalité virtuelle, avec casques VR et casques audio pour montrer Gloomy Eyes de Fernando Maldonado et Jorge Tereso, film multiprimé et soutenu par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Nous organisons par ailleurs un atelier autour du son et ses technologies, avec le festival Plein la bobine. Onze salles vont proposer des avant-séances de 45 minutes où le public pourra créer collectivement un univers sonore. Une machine à boucles (loop station) va notamment être mise à disposition. Nous aimons créer des ponts entre les arts, en incluant le numérique. L’objectif est de donner envie aux jeunes de revenir dans les salles Art & Essai autrement que via une programmation classique.
Comment envisagez-vous le futur de Fureurs d’avril ?
De grandes thématiques se dessinent pour les prochaines éditions. Nous souhaitons travailler sur les questions entourant le handicap, un sujet fort pour les salles de cinéma. Nous voulons aussi que la manifestation continue à être organisée par des jeunes de notre réseau et pas seulement par des professionnels. Au-delà de leur faire choisir un film du catalogue, nous avons envie d’aller plus loin. Cette année, pour la première fois, une journée d’ouverture est organisée le samedi 6 avril à Saint-Étienne. Les jeunes ambassadeurs de huit salles de cinéma vont se rencontrer. C’est une façon de concrétiser leur travail de bénévole en un rendez-vous annuel. L’idée est certes de faire venir des nouveaux publics, mais aussi de « récompenser » ceux qui s’investissent dans cette initiative.