Gloriah Bonheur : « Jeanne Moreau symbolise la femme dans toute sa splendeur »

Gloriah Bonheur : « Jeanne Moreau symbolise la femme dans toute sa splendeur »

05 décembre 2017
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Vous êtes née en 1991 et n’avez jamais rencontré Jeanne Moreau. Dans quelles circonstances l’avez-vous découverte ?
 
En arrivant à Paris. Je suis originaire de Martinique. Une fois le bac en poche, j’ai étudié l’anglais à Trinidad-et-Tobago, puis le jeu d’acteur au Québec. J’ai ensuite intégré l’Ecole Miroir, à Paris. En arrivant, je me suis rendue compte que je n’avais pas une culture cinématographique très poussée. L’école nous mettait en contact avec des réalisateurs, des comédiens, des producteurs… Tous nous incitaient à être davantage curieux. Je me suis donc inscrite au Forum des Images pour améliorer ma culture cinématographique. C’est là que je suis tombée sur un film qui m’a bouleversée : Ascenseur pour l’échafaud, de Louis Malle.
 
Vous n’aviez pas encore vu de film avec Jeanne Moreau ?

Non. J’ai été scotchée par sa présence, qui crevait l’écran, la précision de son jeu, très naturel, sa délicatesse… Et sa voix ! Le film est magnifique mais c’est vraiment Jeanne Moreau qui m’a éblouie. J’avais ensuite envie de partager cela avec tous mes amis, mais je me suis rendue compte que j’étais la seule, dans mon entourage, à ne pas la connaître !
 
Vous semblez en parler comme d’une révélation…
Complètement ! Et une confirmation : j’étais venue à Paris étudier le théâtre, et j’ai su en la voyant que c’était effectivement ce métier que je voulais faire. Je veux moi aussi, transmettre des émotions, raconter des histoires, toucher les gens… J’ai ensuite vu les autres films dans lesquels elle a joué, puis découvert sa musique, ses interviews...
 
Comment la définiriez-vous en tant qu’actrice ?

Je trouve qu’elle incarnait des rôles forts. Beaucoup de ses films provoquaient. Elle donnait chair à des femmes de caractère, entières, disant ce qu’elles pensent et restant elles-mêmes. Elle intervenait sur l’écriture de ses dialogues. Je la vois comme une femme forte, puissante mais aussi fragile, et qui n’avait pas peur de jouer toutes les palettes de sentiments.
 
L’idée de transmission semblait importante pour elle.
 
Oui. C’est une icône, qui représentait énormément pour les Français et à l’étranger, mais elle est restée extrêmement humble. Sa générosité m’a frappée. Elle a toujours été à l’écoute et au contact des autres, travaillant avec des artistes plus jeunes.
 
Diriez-vous qu’elle vous a inspirée ?

A plusieurs niveaux, oui. D’une part, quand on est une jeune actrice, on ne sait pas très bien quel type de rôle nous correspond. J’ai su en la voyant que je voulais également jouer des rôles de femmes fortes, marquant les gens. D’autre part, par rapport à mon parcours personnel, car je suis actrice et chanteuse… Jeanne Moreau a été à la fois actrice, réalisatrice et chanteuse, et a excellé dans ces trois domaines. Ce qui est très rare. Cela ne peut que m’encourager à prendre exemple sur elle et à poursuivre mes efforts. Et ce d’autant plus qu’elle a écrit beaucoup de ses chansons. Elle symbolise à mes yeux la femme dans toute sa splendeur et sa grandeur : à la fois digne, élégante, gracieuse, talentueuse et intègre.
 
Le CNC et l’éducation à l’image
Gloriah Bonheur a été élève de l’Ecole Miroir, dont l’objectif est de favoriser l’égalité des chances et l’émergence de talents des quartiers populaires, en permettant à ceux-ci l’accès à une formation artistique. Une ligne en cohérence avec la politique du CNC, qui a subventionné l'Ecole Miroir et qui soutient également l'émergence de nouveaux auteurs et de nouvelles formes de création.
 

 

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