Neuf mois (1994) : grossesse par procuration
En 1994, l’homme n’était plus tout à fait le père d’antan qui assistait, de loin, à la venue au monde de sa progéniture. Il commençait à s’investir dans la grossesse de sa compagne ; la paternité n’était plus seulement synonyme d’obligation légale, c’était aussi l’incarnation d’un désir profond, la désignation d’un accomplissement personnel. Patrick Braoudé capte ce moment de bascule sur le mode de la farce italienne, entre humour féroce, trait épais et vraie tendresse.
Mauvaise foi (2006) : grossesse réconciliatrice
La rencontre amoureuse entre la juive Clara (Cécile de France) et le musulman Ismaël (Roschdy Zem) débouche sur une grossesse inespérée. Ce pitch parfaitement œcuménique accouche d’une comédie des contraires subtile dans laquelle les familles du couple ne sont jamais réduites à leurs convictions religieuses ou aux clichés communautaristes attendus. Une comédie de bonne foi.
En cloque mode d’emploi (2007) : grossesse obligée
Deux ans après 40 ans, toujours puceau, Judd Apatow signait une nouvelle comédie faussement transgressive et franchement romantique dans laquelle le héros, ou l’héroïne, doit se conformer aux normes conjugales et relationnelles tout en s’accomplissant sur le plan amoureux. Ici, Katherine Heigl, tombée enceinte d’un homme qu’elle ne connaissait pas (Seth Rogen), finira par accepter l’idée du couple à construire et de l’enfant à venir.
JUNO (2008) : GROSSESSE ÉCHANGEABLE
Juno, seize ans, tombe enceinte d’un garçon qu’elle n’aime pas. Plutôt que de se faire avorter, elle décide de faire adopter son enfant après avoir accouché sous X. Le cheminement de Juno ne sera pas aussi simple que prévu. Et si ses sentiments pour son petit ami étaient réels ? Et si le couple adoptif qu’elle a choisi n’était pas si uni ? Et si l’instinct maternel reprenait le dessus ? La comédie de Jason Reitman oscille entre toutes les possibilités avant d’en choisir une idéale, entre anticonformisme et plénitude.
Un heureux événement (2011) : grossesse à risques
Pour Barbara (Louise Bourgoin), la grossesse est un cadeau empoisonné. Elle constate l’inutilité de son compagnon (Pio Marmaï), s’irrite du manque de bienveillance de ses proches, perd sa libido, son sommeil, voit ses réflexes diminuer, et ses dégoûts flamber… Au bord de la rupture, Barbara tiendra-t-elle jusqu’au bout ? Jusqu’à ce qu’on appelle, justement, la “délivrance” ? Rémi Bezançon signe une comédie pas si ronde sur la féminité prise en otage.
Énorme (2020) : grossesse surprise
Pour son quatrième film, Sophie Letourneur (La Vie au ranch) s’est nourrie de sa propre grossesse qu’elle a exagérée et transformée. Énorme raconte les déboires d’un couple confronté à l’arrivée prochaine d’un enfant. Pas n’importe quel couple : elle (Marina Foïs) est une grande pianiste de renommée internationale, il (Jonathan Cohen) est son homme à tout faire. Entre eux, il n’a jamais été question d’enfant pour des questions d’envie et d’organisation - ils sont toujours entre deux avions. Aussi, quand Frédéric a la révélation de son désir de paternité, il s’arrange pour que Claire tombe enceinte à son insu... Loufoque et mélancolique, Énorme jette sur la grossesse un regard neuf, celui d’une femme qui a vécu dans sa chair les dérèglements hormonaux et les métamorphoses corporelles. Sophie Letourneur n’élude aucune situation taboue, privilégiant le trash et l’absurde pour rendre compte de cet événement fondateur, parfois destructeur.
Enorme, actuellement en salles, a reçu l’Avance sur recettes après réalisation, l’aide au développement de projets de long métrage et l’aide sélective à la distribution (aide au programme) du CNC.