En 1968, Blake Edwards regroupe les egos surdimensionnés du microcosme hollywoodien dans une luxueuse villa pour mieux en critiquer la superficialité. Chef-d’œuvre de la « slapstick comedy » avec un Peter Sellers en acteur indien paumé, La Party s'impose aussi comme un modèle du film de huis clos. La Cinémathèque de Toulouse rend hommage à ce sous-genre cinématographique avec une grande rétrospective du 27 mai au 2 juillet 2022. La satire mordante d'Edwards ouvrira le bal suivie le lendemain par un huis clos aux antipodes de cet humour au vitriol, Le Trou de Jacques Becker. Sortie en 1960, cette plongée quasi-documentaire dans une cellule de la prison de la Santé suit la tentative d'évasion de plusieurs codétenus. En observant la minutie de cette entreprise carcérale, la vigilance de tous les instants face aux rondes des matons, Becker signe un grand film sur l'amitié et la fabrique de la liberté. La projection de ce film, que Jean-Pierre Melville considérait comme « le plus grand film français jamais réalisé », sera suivie de celle de Buried (2010) du cinéaste espagnol Rodrigo Cortés. Un exercice de style au bout de la claustrophobie dans lequel Ryan Reynolds interprète un chauffeur de camion enterré vivant dans un cercueil en bois, avec un briquet et un téléphone à moitié chargé pour seules possessions.
Parmi les classiques présentés lors de cette rétrospective, on retiendra les joutes alcoolisées de Richard Burton et Elizabeth Taylor dans Qui a peur de Virginia Woolf?? (1966) de Mike Nichols, mais aussi l'incontournable Ange exterminateur de Luis Buñuel (1963), un film dans lequel le vernis de la société s'effrite alors que les convives d'une soirée sont retenus contre leur gré. Les spectateurs pourront aussi se délecter du suspense du Bateau (Das Boot) de Wolfgang Petersen, une immersion sidérante dans les entrailles du sous-marin allemand U-96 sortie en 1982. Le cycle s’achèvera avec un autre mètre étalon du genre, le très théâtral 12 hommes en colère (1957). Sidney Lumet y filme avec brio les coulisses d'un procès et le combat solitaire d'un homme – inoubliable Henry Fonda – contre les préjugés rampants de la société américaine.